La France est-elle à l'abri du virus Ebola ? A cette question, des chercheurs américains d’un laboratoire de la Northeastern University de Boston ont apporté une réponse inquiétante il y a quelques jours. Dans des travaux publiés dans la revue scientifique PLOS Currents Outbreaks, ils estiment même que l'Hexagone encourt bien plus de risques d'être touché que ses voisins européens.
De nouveaux cas dans 20 jours
Ils ont ainsi évalué à 75 % le risque de voir le virus de la fièvre Ebola atteindre la France d’ici vingt jours. Et à 50 % pour la Grande-Bretagne. Toutefois, « les systèmes de santé et les conditions de vie ne devraient pas exposer ces pays à des flambées épidémiques comparables à ce qui se passe en Afrique de l’Ouest », précisent ces chercheurs. « Ces projections sont fondées sur les données connues de propagation du virus et sur l’hypothèse d’un trafic aérien inchangé », rajoutent-ils.
Par contre, en modifiant cette variable, le risque décroît. Une réduction de 80 % du trafic aérien vers les pays d’Afrique de l’Ouest frappés par la maladie réduirait ainsi le risque à 25 % pour la France et 15 % pour la Grande-Bretagne.
Des liens culturels qui augmentent le risque
Pour expliquer ces résultats, les chercheurs affirment que ces pays sont les plus concernés du fait de leurs liens commerciaux et culturels avec l'Afrique de l'Ouest.
La France doit en effet son classement au nombre élevé de francophones dans des pays comme la Guinée, le Sierra Leone ou le Liberia, et à celui, très élevé aussi, de liaisons aériennes entre ces pays et Paris. La Grande-Bretagne, elle, en raison de l’importance de son aéroport londonien de Heathrow, l’une des plateformes les plus fréquentées au monde.
Par ailleurs, on y apprend que le risque pour la Belgique est aujourd'hui estimé à 40 %; il est de 14 % pour l'Espagne et la Suisse.
L'OMS ne préconise pas de restrictions sur le transport aérien
« C’est vraiment une loterie », souligne Derek Gatherer, spécialiste en virologie à l’université britannique de Lancaster interrogé par les médias. « Si la situation continue en Afrique de l’Ouest et même s’aggrave, ainsi que certains le prédisent, ce ne sera qu’une question de temps avant qu’un malade se retrouve dans un avion à destination de l’Europe », ajoute-t-il.
Surtout que pour le moment, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) n'a pas préconisé de restrictions sur le transport aérien et a même incité les compagnies aériennes à maintenir la desserte des pays les plus touchés.
Les compagnies British Airways et Emirates ont cependant suspendu certaines liaisons. De son côté, Air France a annoncé la suspension provisoire de ses vols sur Freetown, la capitale de la Sierra Leone, depuis le jeudi 27 août.
Ces calculs de probabilité, publiées pour la première fois par le journal médical PLoS Current Outbreaks, sont régulièrement actualisés en ligne sur le site http://www.mobs-lab.org/ebola.html.
Pour rappel, depuis le mois de mars, l'épidémie de fièvre Ebola, la plus meurtrière depuis la découverte du virus, en 1976, a fait plus de 3 400 morts et infecté 7 200 personnes, dans trois pays essentiellement : le Libéria (2 069 morts selon les dernières données de l'OMS), la Guinée (739 morts) et la Sierra Léone (623 morts).