« La mutation : c’est la clé de notre évolution. C’est elle qui nous a menés de l’état de simple cellule à l’espèce dominante de notre planète. » Ces mots sont ceux du Pr Charles Xavier, dans le film X-Men : Le commencement. Mais les mutations génétiques peuvent aussi être infimes… et influencer des détails tels que la taille à l’âge adulte. C’est ce que relate une étude parue dans Nature Genetics.
Deux fois plus de variantes connues
Une équipe internationale a passé en revue le génome de plus de 250 000 personnes d’ascendance européenne. Pas moins de 450 experts ont participé à ces travaux, dans un seul but : découvrir quelles variations génétiques sont responsables de la taille, et dans quelle mesure. « Tout le monde sait qu’une personne dont les parents sont grands aura plus de chances d’être elle-même grande », résume le Pr Tim Frayling, co-auteur de l’étude. « Cela s’explique principalement par les variantes dans la séquence d’ADN que nous héritons de nos parents - les différentes versions de tous nos gènes. »
Mais jusqu’ici, toutes les mutations n’étaient pas connues, loin s’en faut. Dans cette dernière étude, les experts ont identifié deux fois plus de régions qu’auparavant. Et ils concluent qu’une simple variation est impliquée dans la moitié des facteurs de détermination de la taille. Dans la population étudiée, une personne sur dix est porteuse de cette mutation. Au total, 697 variantes régissent la taille.
80 % de facteurs génétiques
Pour parvenir à ces conclusions, l’équipe a passé en revue plus de deux millions de facteurs génétiques, présents chez au moins 5 % de la population. « Nos résultats nous ont aidés à identifier une large proportion de l’architecture génétique qui contribue à déterminer notre taille. Nous savons qu’en tant que population, nous avons grandi au cours des dernières générations, parce que les facteurs incluent une meilleure nutrition », analyse le Dr Andrew Wood, principal auteur de cette étude. « Mais on a montré que plus de 80 % des facteurs dans la variation de la taille sont d’origine génétique, et que le reste est causé par des facteurs environnementaux. » Voilà qui relativise l’importance de la soupe et du lait pendant l’enfance.
Grâce à ces résultats, les chercheurs comprennent également mieux comment les gènes peuvent influencer la taille d’un individu. « C’est une réelle avancée pour la curiosité scientifique, qui pourrait avoir un réel impact sur le traitement de maladies qui peuvent être influencées par la taille, comme l’ostéoporose, le cancer ou les maladies cardiaques », estime le Pr Frayling. « C’est aussi un pas en avant vers un test qui permettrait de rassurer les parents inquiets que leur enfant ne grandisse pas autant qu’ils l’espéraient - la plupart de ces enfants ayant probablement hérité d’un bon nombre de "petits gènes." »