Gène BRCA2 : ces initiales sont très connues depuis qu’Angelina Jolie a évoqué sa double mastectomie en prévention d’un cancer du sein. Souvent associées au risque de cancer féminin (sein, ovaires), ces mutations génétiques sont encore mal connues. Jusqu’ici, les scientifiques étaient incapables de mettre une image sur le nom des protéines émises par les gènes. C’est désormais chose faite : une équipe de l’Imperial College de Londres (Royaume-Uni) publie dans Nature Structural and Molecular Biology un compte-rendu sur la structure et le mécanisme du BRCA2.
Un travail en paire
Le gène BRCA2 est plus connu pour ses mutations, à l’origine de cancers (seins, ovaires, prostate, pancréas), que pour son rôle originel : réparer les brins d’ADN endommagés. Il a pourtant un rôle clé puisque les protéines qu’il encode entrent en action des milliers de fois par jour, pour corriger les dommages causés par les radiations ultraviolet, les produits chimiques toxiques… non réparés, ils peuvent entraîner la formation de cellules cancéreuses.
En réalité, le BRCA fonctionne de manière complexe. Les protéines qu’il produit travaillent en paire, et en association avec d’autres protéines, les RAD51, qui se dirigent dans une position opposée. Elles aident ces dernières à se fixer sur les brins d’ADN abîmés, et à former de courts filaments. Les filaments en question sont ensuite chargé de chercher des brins correspondants, afin de combler la brèche.
En bas, une protéine BRCA2. A droite, les protéines BRCA2 et RAD51 qui s'associent pour réparer les brins d'ADN (Imperial College London)
Comprendre pour agir
En comprenant mieux comment fonctionne le BRCA2, les chercheurs espèrent mettre au point de nouvelles cibles de traitement. Car jusqu’à maintenant, les scientifiques étaient dans l’impossibilité d’agir contre lui, dans la mesure où ils ne connaissaient ni la forme des protéines ni leur mécanisme.
« Cette étude améliore notre compréhension d’une cause fondamentale du cancer », explique le Pr Xiadong Zhang, principal auteur. « C’est la première fois qu’on voit à quoi ressemble la protéine, et comment elle fonctionne, et cela nous fournit une plateforme pour mettre au point de nouvelles expériences dans le but de comprendre encore plus précisément son mécanisme. Une fois que nous aurons ajouté des détails à cette image, nous pourrons créer des moyens de rectifier les défauts du BRCA2 et aider les cellules à réparer l’ADN plus efficacement, et donc prévenir un cancer. Nous pouvons aussi imaginer comment rendre le processus de réparation moins efficace sur les cellules cancéreuses, afin qu’elles meurent. »