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Ebola : un vent de psychose se lève

Par Cécile Coumau

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L'émotion est vive. Toute la presse en parle : le premier cas de contagion d'Ebola en Europe a eu lieu en Espagne. Pourtant, le scénario était prévisible, et d'autres cas devraient suivre.

Une aide-soignante espagnole ayant travaillé dans l'hôpital Carlos III de Madrid, où ont été soignés deux missionnaires infectés par la fièvre Ebola – décédés depuis –, est bien porteuse de la fièvre hémorragique. La ministre de la Santé espagnole a précisé qu'une trentaine de professionnels de santé qui ont pu être en contact avec les missionnaires espagnols sont également suivis.


Après le premier cas de virus Ebola diagnostiqué hors d'Afrique, c'est donc le tout premier cas de contagion hors d'Afrique également. Autrement dit, la fièvre Ebola se rapproche et commence à créer un début de psychose. Aux Etats-Unis tout d'abord, où comme le souligne le quotidien Le Monde, « la Maison Blanche doit rassurer l'opinion ». « Sans qu'il soit question de psychose, la médiatisation de l'hospitalisation de  Thomas Duncan a cependant plus que décuplé les appels reçus par les CDC. » Les responsables des autorités sanitaires américaines se sont donc succédé sur les plateaux télé pour essayer de tuer dans l'œuf le début de panique.


En France, la peur commence aussi à germer. Hier, trois familles de Boulogne-Billancourt ont refusé de laisser leur enfant en classe, indique Le Parisien. L'un des élèves de l'école revenait d'un séjour en Guinée. A la mairie de Boulogne, on « rappelle que toutes les mesures préconisées par les autorités sanitaires ont bien été mises en œuvre ». Autrement dit, une infirmière prend la température de l'enfant tous les jours. Et en cas de fièvre, il doit être immédiatement mis à l'isolement. Pas suffisant pour rassurer tous les parents. Même si médecins et autorités rappellent à l'envi qu'une personne n'est contagieuse qu'à partir du moment où les symptômes se sont déclarés. Interrogé dans les colonnes du Parisien, François Bricaire, le chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital de la Pitié, insiste : « Ebola ne va pas nous sauter dessus, il faut raison garder ! »


Ce genre d'appel au calme va sans doute devoir être martelé car « oui, il est possible qu'une personne porteuse du virus Ebola arrive en France », reconnaît le Pr Bricaire, mais le système de santé français est préparé à un tel scénario. Circonscrire les quelques cas de fièvre Ebola n'a en effet rien d'insurmontable. En revanche, endiguer un vent de panique risque d'être plus difficile.