108 jours, c'est le délai moyen pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologiste. Une moyenne qui masque de grosses disparités régionales puisque l'attente peut aller jusqu'à 368 jours ! Ces chiffres que le Parisien a recueillis auprès du Syndicat national des ophtalmologistes ne sont pas nouveaux, mais font désordre à l'occasion de la Journée mondiale de la vue du 18 octobre.
Pendant une semaine, les Français vont pouvoir faire tester leur vue gratuitement. Etant donnée la pénurie d'ophtalmologistes, l'opération risque de faire des heureux. En effet, comme le rappelle le Parisien, les Français suivent de moins en moins près leur vision. Alors qu'en 2013, 78 % des Français avaient fait contrôler leur vue dans les 2 ans, ils n'étaient plus que 72 % en 2014. Mais, pour certains d'entre eux, trouver un ophtalmologiste à sa porte est juste impossible. « Je vois dans mon cabinet de plus en plus de patients qui viennent de province. Cela représente près d’un tiers de ma clientèle, témoigne une spécialiste parisienne dans le quotidien. Ils viennent du Havre, du Mans, de Bourges, dans un rayon de 300 km autour de la région parisienne, parfois plus loin. »
Cette impasse, on la doit à des décisions politiques vieilles de plusieurs années : le nombre d’internes autorisés à devenir ophtalmologistes, chaque année, est environ de 120. Or, 240 partent à la retraite dans le même temps. Le ministre de la Santé a cependant fait un effort en le passant à 150 en 2014. Si rien n’est fait pour modifier réellement cette courbe, en 2025, on ne comptera plus que 4 000 ophtalmos. Selon le Snof, la moitié de la population ne serait alors plus couverte.
Pour éviter un tel scénario catastrophe, les ophtalmologistes ont déjà fait des propositions aux pouvoirs publics. Le Snof mise surtout sur la délégation de tâches vers d’autres professionnels de santé, et notamment les orthoptistes. Des spécialistes venus de l'étranger donnent aussi un peu d'oxygène. On constate actuellement l’arrivée de nombreux ophtalmos grecs sur le territoire français, qui sont en général bien formés.
Mais le Dr Thierry Bour, secrétaire général adjoint du Snof, prévient dans le Parisien : « On ne pourra pas tout régler avec les prises de rendez-vous accélérées sur Internet, et les consultations dans des centres où une partie des tâches est déléguée à des orthoptistes. Il faut davantage de postes ! »