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L'Europe s'inquiète

Ebola : pas d'épidémie en France, selon les spécialistes

Par Audrey Vaugrente

Un premier cas d’infection par Ebola est survenu en Espagne. En France, les spécialistes se montrent assez sereins : le risque d’épidémie  est quasi nul.

Brynn Anderson/AP/SIPA

Les alertes se sont multipliées, mais n’y a fait : le virus Ebola a fait sa première incursion sur le continent européen. Une aide-soignante a été contaminée en Espagne, alors qu’elle donnait des soins à deux missionnaires infectés en Afrique de l’Ouest. Aux Etats-Unis, Thomas Eric Duncan, le Libérien infecté par Ebola et traité au Texas, est décédé ce mercredi. 
De son côté, Marisol Touraine, ministre de la Santé, a rappelé ce mercredi que « la France est prête à faire face », même si, a-t-elle ajouté, « le risque zéro n'existe pas. » Un vent de psychose souffle en Europe également, mais les spécialistes français se montrent plus modérés : le pays ne risque pas une épidémie similaire à celle d’Afrique.  

Des cas provenant d’Afrique

Les avis sont catégoriques : Ebola risque d'arriver en France. Pour autant, rien ne sert de paniquer. Une étude parue dans PLOS Current Outbreaks a évalué à 75 % le risque que le virus soit signalé dans l’Hexagone, mais il s’agirait plus probablement d’un cas d’infection survenue en Afrique de l’Ouest. « Il y a toujours un risque potentiel de voir arriver un ou plusieurs individus qui se contamineraient en Afrique et rentreraient en Europe en période d’incubation », estime également le Pr François Bricaire, chef du service « Maladies infectieuses et tropicales » à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), contacté par pourquoidocteur

La situation la plus probable, aux yeux de ce spécialiste, c’est qu’un soignant soit contaminé par un malade hospitalisé. Malgré tout, la possibilité d’une infection « autochtone », c’est-à-dire qui survienne dans le pays même, comme ç’a été le cas en Espagne, ne doit pas être exclue.

 

Ecoutez le Pr François Bricaire, chef du service « Maladies infectieuses et tropicales » (Pitié-Salpêtrière) : « Ce qu’on peut le plus craindre, c’est qu’un malade ne se déclare pas ou soit mal interrogé; il y a alors un risque que cela traîne plusieurs jours et qu’il y ait des contacts. »

 

Un risque de contact quasi-nul

Même dans l’éventualité où un cas autochtone surviendrait en France, une épidémie n’est pas envisageable. D’une part parce que le cas serait rapidement repéré par les différents services d’urgence. D’autre part parce qu’« on n’est absolument pas contagieux dans la période d’incubation, ce qui devrait rassurer l’ensemble des gens », souligne le Pr Bricaire. « On peut avoir un petit foyer, quelques cas, mais cela ne devrait pas donner d’événement épidémique comme en Afrique de l’Ouest », ajoute le spécialiste. Un avis partagé par le Pr Elisabeth Bouvet, du service « Maladies infectieuses et tropicales » de l’hôpital Xavier-Bichat à Paris.

 

Ecoutez le Pr Elisabeth Bouvet, infectiologue au service « Maladies infectieuses et tropicales » (Xavier-Bichat) : « On n’a pas à craindre de rencontrer dans le métro quelqu’un qui aurait Ebola. Les gens qui sont malades vont à l’hôpital ou restent dans leur chambre. »

 

Des équipes bien préparées

Si les spécialistes se montrent assez peu alarmés par la possible arrivée d’Ebola en France, c’est aussi parce qu’ils se sont préparés à cette hypothèse. Les autorités sanitaires ont mis au point un plan de prise en charge des malades, organisé autour d’établissements de référence, comme l’hôpital Bégin de Saint-Mandé (Val-de-Marne), qui a pris en charge l’infirmière française contaminée au Liberia. En Île-de-France, toujours, l’hôpital Xavier-Bichat (Paris) se chargerait des cas diagnostiqués en France, qui seraient installés dans des chambres à pression négative. Le protocole d’accueil est particulièrement bien encadré.

 

Ecoutez le Pr Elisabeth Bouvet : « On place le malade en isolement, le soignant se protège et on ne fait aucun prélèvement jusqu’au retour de l’Institut de Veille Sanitaire. »

 

Le personnel des services d’infectiologie de référence reçoit une formation particulière pour prendre en charge les malades et pour enfiler et retirer les combinaisons de protection. Ce sont deux étapes où le risque de contamination est particulièrement élevé. « On fait des exercices pour que le personnel soit préparé à mettre en route cette organisation, s’habille pour qu’il n’y ait aucun risque de contact, précise le Pr Bouvet. Au niveau du déshabillage, il est très important d’être toujours deux pour vérifier que les procédures sont bien appliquées ». Ce serait justement cette formation qui aurait fait défaut à l'aide-soignante espagnole, selon une de ses collègues.