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Journée mondiale de la santé mentale

Maladies psychiatriques : la France accuse un sérieux retard

Par Léa Drouelle

Les troubles mentaux touchent 450 millions de personnes dans le monde. En terme de prévention, la France a beaucoup de retard à rattraper, selon une étude réalisée par la Fondation Fondamental et l’Ipsos.  

KOBBEH/SIPA
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Dépression, spectre autistique, schizophrénie, troubles bipolaires. Selon l’OMS, plus de 450 millions de personnes souffrent de troubles mentaux ou du comportement dans le monde. En France, ils seraient 12 millions. Pourtant, ces pathologies restent largement méconnues par les Français. En effet, une récente enquête réalisée par l’institut Ipsos a montré que 70 % des Français sont très peu informés sur ces troubles mentaux. A l’occasion de la Journée  mondiale de la santé mentale qui se tient ce vendredi 10 octobre, l’Institut Montaigne, en collaboration avec la Fondation FondaMental, insiste sur la nécessité pour la France de rattraper son retard en terme de recherches et de prise en charge du patient. 



Diagnostic trop tardif
«La France est très en retard sur la prévention des maladies mentales. Elle s’appuie sur un modèle thérapeutique qui date des années 60 » déplore le Pr Leboyer, présidente de la fondation FondaMental. Des retards qui concernent majoritairement la méconnaissance qui entoure les maladies mentales et les stigmatisations. Refus honte, rejet de la maladie. Cette absence de diagnostic préventif peut être fatale pour les patients. « L’une des particularités de la psychiatrie en France est l’absence de prise en charge précoce. Et lorsqu’ils le sont, il est souvent trop tard pour espérer agir efficacement sur la maladie », explique Alain Milon, auteur de l’ouvrage, La psychiatrie en France, publié en 2009. Selon l’étude de l’Institut Montaigne, les cinq premières années de la maladie correspondent à la période durant laquelle le patient a le plus de chances de guérison. 

 

2% du budget consacré à la recherche médicale
Autre retard pointé par l’étude : trop peu de données épidémiologique et d’informations quantifiées sont disponibles en France. De même qu’il n’y a pas suffisamment de recherches dans le domaine des bio-marqueurs. En effet, seuls 2 % du budget de la recherche biomédicale est consacré à la recherche en psychiatrie en France (21 millions d’euros), contre 7 % en Grande-Bretagne (131 millions d’euros) et 11 % aux États-Unis (3,9 milliards d’euros.) Un point sur lequel le Pr Leboyer insiste tout particulièrement : « Les professionnels doivent absolument s’investir davantage dans la recherche afin de mieux comprendre, de mieux connaître et, in fine, mieux prévenir la maladie.»


Ecoutez Marion Leboyer,
professeur en psychiatrie et présidente de la Fondation Fondamental : « Il est primordial de soutenir l’effort de recherche en psychiatrie… »




Sensibiliser et former les psychiatres à la recherche
Pour les auteurs de l’étude, les priorités ne manquent pas. Une meilleure prévention passera pas une déstigmatisation. La Suisse Romande organise par exemple depuis 2004 les "Journées de la schizophrénie" dans toutes les classes. Il faut notamment faire de la prévention en terme de recherches. Des recherches qui s'incrivent d’une part dans la compréhension des causes et des mécanismes et l’identification de biomarqueurs des troubles mentaux, et  dans l’analyse des facteurs de risque environnementaux modifiables d’autre part. Elles pourraient aboutir au développement d’innovations thérapeutiques…et permettre à la France de rattraper un peu son retard.


Une première : les Mad Days !

Il y avait la Mad Pride, calquée sur le modèle de la Gay pride, voici maintenant les Mad Days. Première manifestation d'ampleur en Ile-de-France à l'occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, cet événement est organisé par l'Agence régionale de santé, la Fnapsy* et l'Unafam** en partenariat avec le ministère de la Santé. Les Mad Days ont pour objectif de sensibiliser le grand public aux maladies mentales par le biais de la création artistique. Ils auront lieu ce vendredi 10 et ce samedi 11 octobre au Centre Universitaire de Malhesherbes. Au programme : film, concert, expositions et tables rondes.

*Fédération nationale des associations d'usagers en psychiatrie

**Union nationale des Amis et des Familles de Malades Psychiques