Le cancer du poumon tue chaque année 28 000 personnes en France. Il s'agit également du cancer le plus mortel, et le plus répandu au monde, avec 900 000 nouveaux cas diagnostiqués chez les hommes, tous les ans. Deux études publiées dans la revue Science se sont interessées aux mutations génétiques des tumeurs cancéreuses au cours du temps, afin de mieux comprendre comment évolue la maladie, pour mieux la prendre en charge.
Car pour les médecins, la difficulté est double. Le cancer du poumon est difficile à traiter car à chaque malade correspond une tumeur différente, avec des mutations génétiques particulières. En outre, il est compliqué de le repérer, les symptômes apparaissant souvent une fois qu'il est trop tard et que la maladie est devenue mortelle.
Dans la première publication, les chercheurs se sont intéréssés de près à plusieurs tumeurs qui avaient été retirées des poumons de malades, au cours d'interventions chirurgicales. Ils ont analysé la variabilité génétique entre les différentes régions des tumeurs, et entre chacune d'elles. Ils ont cherché à comprendre comment ces mutations avaient évolué au cours du temps.
Et le résultat est sans appel : il y a une très longue période entre l'apparition des premières mutations et le développement des premiers symptômes. Les premières mutations apparaitraient ainsi en deux décennies avant que la maladie ne se déclare.
Diagnostic trop tardif
C'est ce laps de temps sans symptômes qui pose problème car au moment où les patients sont assez malades pour être diagnostiqués, les tumeurs se sont développées, de manière unique pour chacun, au gré des mutations génétiques. Pour les chercheurs, il y a donc urgence à développer de nouveaux outils afin de mieux diagnostiquer le cancer, et plus tôt.
Aujourd'hui, les médecins utilisent surtout le scanner pulmonaire, pour repérer et analyser la tumeur, mais la méthode de la biopsie liquide, qui consiste à prélever l'ADN circulant dans le sang, présente de plus en plus d'espoirs.
7000 mutations
Autre obstacle à la guérison du cancer du poumon : la relative incompréhension des mutations génétiques des tumeurs à l'origine de la maladie. Les auteurs de la seconde publication ont démontré que les médicaments ciblés sont souvent inefficaces car chaque tumeur est différente, en raison de leur grande hétérogénéité génétique. À partir d'un seul prélèvement de cellules cancéreuses, ils ont identifié 7000 mutations génétiques. 76 % d'entres elles étaient présentes dans les tissus prélevés.
À terme, ils espèrent mieux comprendre ces mutations. Cela n'ouvrirait pas uniquement la voie à de meilleurs diagnostics, mais pourrait aussi être la base d'une meilleure prise en charge, adaptée à chaque patient, et le point de départ à de nouveaux traitements.