Des tests rapides à orientation diagnostic (TROD) dans la grippe pourraient-ils faire leur arrivée en France ? L’Institut de Veille Sanitaire (InVS) a mené une expérimentation lors de la saison grippale 2012-2013, en partenariat avec l’Agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte-d’Azur (ARS PACA). Son rapport, publié ce 14 octobre, livre des résultats encourageants.
Pour limiter le recours aux antibiotiques
311 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ont participé à cette expérience. L’ARS PACA leur a envoyé des écouvillons naso-pharyngés, des dispositifs qui prélèvent les sécrétions au niveau du nasopharynx via le nez. 29 laboratoires ont accepté de rester ouvert 7 jours sur 7 afin de réaliser les tests diagnostics dans la journée. Lorsque l’InVS a signalé une circulation suffisante du virus de la grippe, l’expérimentation a démarré dans un triple objectif : faciliter l’accès au diagnostic de la grippe, limiter le recours injustifié aux antibiotiques, décrire la circulation du virus dans les Ehpad lors d’une saison grippale. L’épidémie de 2013 ayant été tardive et de faible intensité, seuls 62 prélèvements ont été réalisés.
Un parcours fléché
Les demandes de TROD ont été réalisées lorsqu’au moins trois patients présentaient des signes évocateurs d’une grippe. Dans le cadre du dispositif, les prélèvements ont dû être réalisés avec les écouvillons fournis - ce que 61 % des Ehpad ont respecté. Le prélèvement doit ensuite être conservé entre 2 et 8 °C en vue de son transport vers un laboratoire volontaire. Cette fois, seul un Ehpad sur deux a suivi les consignes, soit à cause de l’éloignement, soit à cause de l’habitude de travailler avec une autre structure.
Une fois le prélèvement réceptionné, le laboratoire s’engage à transmettre les résultats dans un délai aussi court que possible, idéalement une journée. Dans les faits, 14 % des Ehpad n’ont jamais reçu ces résultats dans la journée. Après avoir rempli des documents à destination de l’InVS, les laboratoires ont envoyé les prélèvements au laboratoire de microbiologie de l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM), afin de confirmer le diagnostic.
75 % des établissements satisfaits
Globalement, le dispositif a été plutôt bien accueilli, par les Ehpad comme les laboratoires. Mais quelques écueils persistent : alors que 75 % des établissements ont suivi le système au moins partiellement, seuls 42 % l’ont fait jusqu’au bout. Un bon nombre évoquent des difficultés au moment du prélèvement (le patient ne coopère pas, l’anatomie rend le prélèvement profond difficile, la technique est mal maîtrisée), mais aussi au niveau de l’acheminement des prélèvements jusqu’au laboratoire (mobilisation d’un agent, conservation à la température requise). Ces derniers soulignent d’ailleurs qu’il est parfois difficile d’intégrer les nouvelles techniques d’analyse à leur fonctionnement quotidien.
La satisfaction l’emporte, conclut l’InVS : le test rapide a une valeur prédictive positive de 100 % et négative de 100 % pour le virus de type A. Pour le virus de type B, sa valeur prédictive positive s’établit à 75 %, négative à 92 %. Les trois quarts des Ehpad ont d'ailleurs jugé le dispositif de TROD satisfaisant. Ils soulignent l’intérêt des écouvillons et des formations dispensées par l’ARS PACA, sur la grippe et son diagnostic, mais aussi sur les mesures barrières à mettre en place et le traitement de la maladie. Ils sont également 79 % à estimer que le dispositif aide à gérer l’épidémie, 22 % qu’il permet de sensibiliser le personnel. Ces observations sont d'autant plus importantes que les personnes âgées sont particulièrement fragiles face au virus de la grippe. Et sans surprise, la majorité des participants se dit prête à reproduire l’expérience lors de la prochaine saison grippale.