C’était un véritable dogme médical. Le traitement de l’appendicite aiguë, la crise d’appendicite, devait passer par le bloc opératoire pour enlever l’appendice douloureux. Il s’agissait de prévenir tout risque de complication et notamment la plus redoutée, la péritonite lorsque l’appendice s’infecte et forme un abcès qui finit par se perforer dans l’organisme. L’Académie de chirurgie vient de remettre en cause ces opérations systématiques. Dans un avenir proche, un traitement antibiotique pourra suffire pour traiter les formes simples d’appendicite chez les adultes.
Pr Corinne Vons, chirurgien digestif à l’hôpital Jean Verdier à Bondy : « Appendicites simple et compliquée sont 2 maladies différentes »
Deux difficultés restent encore à franchir. Il faut définir le traitement antibiotique le plus efficace et le moins susceptible de générer des bactéries résistantes. Et surtout, il faut pouvoir distinguer à coup sûr si le patient qui se présente aux urgences avec une douleur au ventre à droite souffre d’une forme simple ou compliquée d’appendicite.
Les chercheurs planchent sur un test sanguin pratique à utiliser aux urgences car pour le moment, l’examen qui permet de trancher, sans être efficace à 100%, est le scanner. Or plus de 83 000 Français ont été opérés de l’appendicite en 2010 selon l’Assurance Maladie, il ne serait donc ni pratique ni économique de devoir s’assurer au scanner que l’opération est indispensable. Pour Corinne Vons, les antibiotiques pourront se substituer à l’opération chirurgicale d’ici 5 à 10 ans.
Ce changement de pratiques devrait encore contribuer à faire baisser le nombre d’opération de l’appendicite. Car le recul de l’appendicectomie, la chirurgie de l’appendicite, est déjà amorcé depuis plusieurs années, avant même qu’on envisage de la remplacer par un traitement antibiotique. On opérait environ 300 000 patients par an dans les années 90 contre 80 000 environ aujourd’hui. Cette nette tendance à la baisse s’explique notamment par les progrès de l’imagerie par scanner ou par échographie. Les médecins distinguent mieux, même en situation d’urgence, ce qui est ou n’est pas une crise d’appendicite et évitent des opérations inutil
L’appendicite de l’enfant reste une urgence chirurgicale
Pour les enfants en revanche, le bloc opératoire reste et restera un passage obligé. L’appendicite de l’enfant est une maladie plus grave et plus difficile à diagnostiquer que celle de l’adulte. Il ne semble pas y avoir une forme simple et une forme compliquée mais un vrai continuum entre les deux. L’opération est donc nécessaire pour empêcher l’évolution vers les complications et elle doit se faire en urgence car l’appendicite infantile s’aggrave rapidement. Le traitement antibiotique n’est pas à exclure pour autant, il rend même déjà service lorsque l’enfant arrive aux urgences avec les premiers signes de complications infectieuses.
Pr Christine Grapin-Dagorno, chirurgienne pédiatrique à l’hôpital Robert Debré à Paris : « On diffère la chirurgie pour traiter d’abord l’infection par antibiotique »