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Projet de loi santé : les mesures qui dérangent les médecins

Par Cécile Coumau

Améliorer la prévention et faciliter l'accès aux soins, c'est l'ambition de Marisol Touraine avec son projet de loi santé qui est présenté en Conseil des ministres ce mercredi 15 octobre. Des ambitions louables qui devraient faire l'unanimité. Pourtant, l'opposition est vive, et tout particulièrement du côté des médecins. Pour ces derniers, la fin ne justifie pas les moyens.


Les syndicats de médecins sont tout d'abord vent debout contre la généralisation du tiers payant. Interrogée dans le Parisien, la ministre de la Santé défend point par point son projet de loi : « Je revendique la généralisation du tiers payant comme une mesure ambitieuse d’accès aux soins pour tous, déclare Marisol Touraine. Pour moi, c’est un enjeu aussi important que l’a été la mise en place de la couverture maladie universelle (CMU). Les conditions de sa mise en œuvre doivent être rassurantes pour les professionnels de santé. » Le problème, c'est qu'ils ne sont pas rassurés, justement. Les médecins craignent la complexité de la mise en place d'un tel dispositif mais pas seulement... « La consultation en médecine générale est à 23 euros. Demain, si vous imposez la généralisation du tiers payant, il faudra l’amputer de frais de gestion de 2 euros 50 par acte. Cela, nous ne pouvons l’accepter ! », confiait récemment à pourquoidocteur le Dr Jean-Paul Ortiz, président du principal syndicat de médecins libéraux, la CSMF. 

Autre sujet qui fâche pour les médecins : le transfert de tâches médicales à d’autres professionnels de santé que les médecins. Un casus belli pour la CSMF qui ne peut accepter que d’autres professionnels puissent établir des diagnostics.


La création d'un médecin traitant pour les enfants donne aussi des boutons à certains praticiens. Et surtout, divisent généralistes et pédiatres. Pour ces derniers, les parents doivent garder le libre choix de consulter un pédiatre ou un médecin généraliste, en fonction des besoins de leur enfant et des disponibilités des professionnels de proximité.

Pour faciliter l'accès à un médecin de garde, le projet de loi prévoit par ailleurs la création d'un numéro unique à 3 chiffres pour améliorer l’accès à un médecin dans chaque département en dehors des heures d’ouverture des cabinets. Cette fois, les médecins libéraux disent non parce qu'ils ne veulent pas être «  mis sous la coupe des SAMU ou des centres 15 hospitaliers publics, sinon on aura un désengagement des professionnels libéraux », prévient le Dr Ortiz.


La liste des griefs est longue et les médecins sont chauds. Libéraux comme hospitaliers ont déjà fait grève en cette rentrée. Les uns contre le projet de réforme des professions réglementées, les autres pour leurs conditions de travail à l'hôpital. Ce projet de loi risque donc de raviver des braises déjà chaudes.