Ce n’est pas encore la fronde des bonnets rouges mais la fièvre monte chez les blouses blanches. Présent hier au congrès du conseil de l’Ordre des médecins, François Hollande n’a pas réussi à faire baisser la température. Il a a raté « son opération câlinothérapie avec les médecins », résume le Figaro. Les motifs de satisfaction sont nombreux, comme, par exemple, la généralisation du tiers payant, prévue dans le projet de loi santé de Marisol Touraine.
Et puis, il y a les tracasseries quotidiennes dont seraient victimes les praticiens. Obsédées par l’idée de faire des économies, les caisses d’assurance maladie ont ouvert la chasse aux arrêts de travail injustifiés. Près de 260 millions de jours d’arrêt ont été indemnisés en 2013 avec des variations de prescriptions de 1 à 6 suivant les médecins, nous apprend aujourd’hui Le Parisien. L’enjeu est de taille. En 2012, les vagues de contrôle ont permis d’économiser 40 millions d’euros sur un poste qui coûte près de 9 milliards d’euros.
« Ils me parlent chiffe, je leur parle d’éthique », rétorque un généraliste. Interrogé par le quotidien, le Dr Michel Artigue est en délicatesse avec l’Assurance maladie. Elle lui reproche de prescrire entre 3 et 4 fois plus de journées d’arrêt que ses confrères. Mais ce généraliste de Montataire (Oise) a de bonnes raisons. Victime de la désertification médicale, sa commune a perdu depuis 2010 la moitié des 10 généralistes. Du coup, le Dr Artigue a doublé sa clientèle et récupéré 1 500 patients. Face aux menaces de la sécu, ce médecin de 63 ans prévient : « S’ils continuent, c’est simple : j’arrête ».
Ailleurs, d’autres médecins se rebiffent, relate le quotidien. « Six généralistes épinglés par les contrôleurs (ndlr : de la sécurité sociale) viennent ainsi de saisir les tribunaux administratifs de Rennes, Nîmes, Orléans, Amiens, Rouen et Montpellier d’une requête en référé », écrit Daniel Rosenweg. On leur reproche, là encore, de prescrire entre 1,2 et 3,8 fois plus que la moyenne des généralistes.
Mais pour se défendre, ces praticiens réclament, en vain, les statistiques sur lesquelles se basent les caisses primaires pour contester leurs prescriptions. Selon eux, l’Assurance maladie est juge et partie. « Trop, c’est trop, martèle le syndicat qui les défend. On fait passer les médecins pour des délinquants. »