La pauvreté est un fléau qui touche plus de 3 millions de Français, selon un récent rapport de l’Insee. Chaque année, à l’occasion de la Journée internationale du refus de la misère, l’association humanitaire Médecins du Monde (MdM) publie un rapport annuel et dresse un bilan sur la situation de la précarité en France. En 2013, 29 960 personnes se sont rendues dans les Centres d’accueil de soins et d’orientation de l’association. Ces chiffres s'inscrivent dans la continuité de ceux enregistrés depuis 2008, année de la crise financière qui avait connu une très forte augmentation (environ 5 000 personnes de plus).
Squats et bidonvilles
Les chiffres du baromètre 2013 de MdM note « une accentuation de la pauvreté et des inégalités de santé majeure ». Dans la grande majorité des cas, les personnes rencontrées dans les centres d’accueil de soins et d’orientation (Caso) de MdM cumulent des difficultés financières et conditions de logement précaires : 97 % des personnes rencontrées dans les Caso vivent sous le seuil de pauvreté. Plus d’un tiers vivent en squat, bidonvilles ou sont sans domicile fixe. Par ailleurs, 80 % des foyers sont en situation d’insécurité alimentaire pour raison financière.
Pas d’assurance maladie
Selon les chiffres du baromètre de Médecins du Monde, 36 % des patients ont eu recours aux soins de manière trop tardive. 87 % ne disposent par ailleurs d’aucun droit ouvert d’assurance maladie. Selon MdM, plusieurs raisons expliquent ce phénomène : méconnaissance de leurs droits, complexité des dispositifs, barrière linguistique. MdM dénonce aussi la complexité administrative à laquelle viennent s’ajouter fréquemment « des pratiques abusives » (refus d’adresse déclarative, demandes de pièces justificatives non obligatoires…) ou « des dysfonctionnements des administrations qui découragent les demandeurs ».
Médecins du Monde déplore les carences du plan quinquennal de lutte contre la pauvreté adopté en 2012. Selon l’association, les mesures prises auraient permis quelques avancées mais celles-ci restent rares et largement insuffisantes compte tenu des enjeux actuels de la précarité. « La préparation de la loi de santé publique doit être l’occasion de réaffirmer les principes d’un système de santé vraiment solidaire, en particulier la lutte contre les inégalités sociales de santé, et de les mettre en œuvre. » considère le Dr Thierry Brigaud, président de Médecins du Monde.