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Le poids des maux

Par Philippe Berrebi

Des douleurs et une large cicatrice. Parce que son médecin ne l’avait pas informé des conséquences d’une intervention chirurgicale purement esthétique, Catherine a fait condamner son praticien à 2600 euros dommages et intérêts. Un exemple parmi d’autres relevé dans le Figaro et qui illustre la question délicate du devoir d’information du médecin.
Pourtant, la loi Kouchner de mars 2002 est à ce sujet très précise. Le médecin doit exposer à son  malade les différentes stratégies thérapeutiques disponibles et détailler tour les risques fréquents ou graves, normalement prévisibles.
Mais cette énumération exhaustive destinée à obtenir le consentement éclairé des patients n’a aucun sens selon les médecins, remarque Delphine Chayet, la journaliste. « Une trop grande quantité d’informations peut s’avérer anxiogène pour le patient », confie un urologue. « Lister toutes les complications décrites dans la littérature médicale prendrait des heures », renchérit le Pr Dan Benhamou, président de la Société française d’anesthésie et de réanimation.
Le plus souvent, la Justice rend des décisions favorables aux plaignants, observe la journaliste. Car, depuis 1997, il appartient au médecin de prouver qu’il a bien rempli son devoir d’information. Alors, pour se couvrir, les praticiens ont tendance à distribuer des fiches standardisées et des documents de consentements éclairés de plus en plus complets.  Résultat, à vouloir trop en dire, « on fait porter beaucoup de choses sur les épaules des malades », regrette un avocat spécialisé dans la défense des professionnels. 

Mais il y a un autre effet pervers. Une fois au bloc, raconte le quotidien, certains médecins, sauf urgence, ne vont pas au-delà du geste chirurgical convenu avec le patient même s’ils font des découvertes opératoires. Pour prélever un ganglion ou réaliser une ablation élargie, notamment en cancérologie, ils pratiqueront alors une deuxième intervention.

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