Il y a fort longtemps, les poissons aussi connaissaient les joies de la copulation. Si aujourd’hui, pour procréer, ils dispersent leur sperme dans l’eau, il y a 385 millions d’années, ils utilisaient une méthode toute différente : la « fertilisation interne ».
Grâce une analyse de fossiles, dont les résultats sont publiés dans la revue britannique Nature, on en sait davantage sur l’activité sexuelle du Microbrachius dicki, un poisson cuirassé doté de petits bras et considéré par certains scientifiques comme le lointain ancêtre de l'homme. L’espèce a disparu de la surface du globe depuis des centaines de millions d’années, mais elle nous livre aujourd’hui les secrets de sa vie intime.
Etreinte latérale
Ainsi, le Microbrachius dicki attrapait fermement la femelle poisson à l’aide de ses « Microbrachius », ses petits bras, qui lui ont donné son nom. « Pendant des siècles, les scientifiques se sont demandés à quoi pouvait bien leur servir cette paire de bras osseux, explique John Long, professeur de paléontologie à l'université australienne Flinders et co-auteur de l’étude. Nous avons résolu ce mystère : ils permettent au mâle de positionner son appendice dans la région génitale de la femelle ».
Voilà pour l’étreinte. Quant à l’accouplement à proprement parler, il était permis grâce au pénis de ce poisson, sorte d’appendice osseux (ptérygopode) en forme de L qui lui permettait de transférer son sperme à l'intérieur de la femelle. C’est en quelque sorte le plus vieux pénis du monde… La femelle, elle, était pourvue d'une paire de petites plaques permettant de maintenir l'organe mâle en place.
« Le couple de poissons s'accouplait probablement de côté, précise John Long. Avec leurs bras joints, ils avaient plutôt l'air d'esquisser un pas de 'Square danse' plutôt que de copuler ».
>> Une vidéo You Tube réalisée à partir d’images de synthèses permet de visualiser l’opération. (Attention, contenu classé X !)
La première relation sexuelle au monde
Selon les auteurs, il s’agit de la plus ancienne espèce à avoir utilisé la fertilisation interne. Une technique bien plus efficace que la dissémination de sperme dans l’eau, qui occasionne beaucoup de pertes. L’étude permet ainsi de réécrire l’histoire du sexe et de placer l'origine de la fertilisation interne au début de l'évolution des vertébrés. Jusqu'à présent, on pensait qu'elle était arrivée plus tard.
Fossile connu depuis longtemps, le Microbrachius a peuplé les lacs d’Ecosse, d’Estonie et de Chine pendant plus de 70 millions d’années, avant de disparaître mystérieusement. Il mesure 8 centimètres et appartient à l'ordre des Antiarchi, les plus anciens de la classe des placodermes. Selon de récents travaux, c’est de cette espèce que l’être humain tirerait ses mâchoires, ses dents et ses membres pairs… ainsi, donc, que ses pratiques érotiques.