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Conférence de Neuropharmacologie

Psychiatrie : les noms des médicaments sont trompeurs

Par Léa Drouelle

Les noms des médicaments psychiatriques devraient être modifiés, estime une équipe internationale de neuropsychiatres. Les appellations telles que "antipsychotiques" peuvent induire en erreur les patients. 

JAUBERT/SIPA

Le nom des traitements pour soigner les troubles mentaux sont méconnus et peuvent aboutir à des confusions qui nuisent aux patients. Il serait donc judicieux d'actualiser la terminologie des médicaments. Telles sont les conclusions de la Conférence européene de Neuropharmacologie qui s’est tenue dimanche dernier à Berlin. 

Une application pour les médecins
Durant cette conférence, les neuropsychiatres ont expliqué les effets néfastes d'une mauvaise information d'un patient quant à son traitement. Prescrire un antipsychotique à un patient qui souffre simplement de stress, peut par exemple augmenter son anxiété. Autre exemple : le Prozac est majoritairement connu pour ses vertus antidépressives. Or, il est aussi prescrit pour traiter des troubles du comportement alimentaire tels que la boulimie. Un critère que beaucoup de patients ignorent. Ils peuvent donc être surpris de se voir prescrire du Prozac alors qu’ils ne sont pas dépressifs.

Le projet international de nouvelle nomenclature des médicaments proposé par les neuropsychiatres présents à la conférence se décline en 4 axes : l’indication du médicament, son action, l’effet recherché (ainsi que les effets secondaires) et la description neurobiologique. L'objectif principal est de fournir une liste exhaustive des bases de données des traitements afin d'éviter toute confusion pour le patient. Cette nouvelle nomenclature profitera aussi aux médecins. Le projet prévoit d’ailleurs également la création d’une application que les médecins pourront consulter à tout moment afin de prescrire le traitement adéquat à leur patient. 


Des noms obsolètes
Comme le rappelle le Pr Josef Zohar, principal leader du projet, la terminologie actuelle des médicaments n’ a pas été modifiée depuis les années 60 : « Comme dans beaucoup de domaines, nous savons que l’utilisation et les effets des médicaments ont beaucoup évolué depuis ces 50 dernières années. Mais leurs noms sont restés identiques. Lorsque je rédige un SMS sur mon smartphone, je ne parle pas de machine à écrire comme on le faisait dans les années 60 ! Les noms doivent évoluer avec les époques. Si cela est vrai pour la technologie, ça l’est certainement aussi pour la médecine ! » considère ce dernier.  


De longues discussions et négociations entre les médecins, les industries pharmaceutiques et l’ensemble des acteurs du corps médical auront lieu avant le lancement du projet. Mais le Pr Zohar est cependant convaincu que ce nouveau système « constituera un vrai changement dans la manière de parler et d’utiliser les médicaments dans les domaines de la psychiatrie et de la neuroscience. »