Les hôpitaux français sont-ils prêts à accueillir des malades d'Ebola ? Le cas de l'infirmière française de MSF prise en charge à l'hôpital Bégin est plutôt rassurant en la matière. Et la ministre de la Santé en est convaincue.
Cependant, Marisol Touraine a annoncé sur i-télé qu'un « exercice grandeur nature dans tous les services d'urgence » allait être organisé dans les huit jours. « De cette manière, nous pourrons voir s'il y a des choses à améliorer dans certains endroits », a-t-elle précisé. « L'exercice sera dans tous les Samu et les établissements de santé de référence », a précisé un porte-parole du ministère. La France compte aujourd'hui 12 hôpitaux de référence (Bichat et Necker à Paris, Lyon, Lille, Strasbourg, Marseille, Bordeaux, Rennes, La Réunion, Rouen, Nancy et l'Hôpital d'instruction des armées Bégin à Saint-Mandé, près de Paris).
Ce ne sera pas une première, a précisé Marisol Touraine, mais « il s'agit très régulièrement de vérifier que notre système est bien en place ». Cet exercice grandeur nature a aussi pour mission de rassurer. Les Français, mais aussi les professionnels de santé. Car ces derniers nourrissent aussi des inquiétudes. Des chirurgiens et des anesthésistes-réanimateurs de l'hôpital Bichat (Paris) ont rédigé une lettre à l'intention de Martin Hirsch, le patron de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), dans laquelle ils prétendent que leur établissement est dans l'impossibilité d’« assurer un niveau de soin adapté et suffisant pour des malades contagieux ». Ils dénoncent aussi « l’absence de préparation, de formation et d’entraînement des soignants pour prendre en charge ce type de patients » et enfin, durant « le circuit » des malades potentiels devant être transférés d’une unité à une autre, « le risque de propagation de l’infection » serait « majeur ».
L'hôpital Bichat leur a répondu par la voix du Pr Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses : « Ce n'est pas vrai que nous ne sommes pas prêts. Honnêtement, le risque de contagion est proche de zéro parce que le circuit est ultra sécurisé. »
Mais, à l'hôpital Bichat comme au ministère de la Santé, on l'a bien compris. Un vent de psychose est en train de toucher la France. Il est urgent de montrer que les autorités sanitaires maîtrisent la situation. D'autant plus à l'heure où des voix s'élèvent pour affirmer que l'OMS et les pays riches ont dramatiquement sous-estimé l'épidémie d'Ebola.