Trop, c’est trop ! La coupe est pleine pour les généralistes. Plusieurs syndicats de médecins libéraux appellent en effet à la fermeture nationale des cabinets de médecine générale du 24 au 31 décembre. L'UNOF-CSMF (1), MG France, et la Fédération des Médecins de France (FMF), tous s'accordent pour dire que la gravité de la situation de la médecine générale est telle que l’unité syndicale est une nécessité. A eux trois, ces syndicats représentent 75 % des généralistes. En revenant sur le fond du débat, pourquoidocteur explique les raisons qui poussent ces médecins à faire grève au moment des fêtes ?
Les étudiants boudent la médecine générale
Le Dr Luc Duquesnel, président de l’UNOF-CSMF (principal syndicat de médecins) explique que pour les généralistes, « chaque jour amène son lot de mauvaises nouvelles. » Les dernières en date : « l'Assurance maladie qui leur demande depuis peu de remplir un formulaire de trois pages pour prescrire un nouveau anti-cholestérol. Ou encore la généralisation du tiers payant qui est confirmée », confie ce médecin généraliste en Mayenne (53). Avec comme conséquences, selon lui, « une profession qui devient de moins en moins attractive auprès des étudiants en médecine. Et une pénurie de généralistes qui guette la France. »
Ecoutez le Dr Luc Duquesnel, président de l’UNOF-CSMF : « Le nombre de généralistes est en recul de 7 % depuis 2007. Quand celui des spécialistes est en hausse de 6,1 %. »
L’Ile-de France n’attire plus les généralistes
Et ce manque de généralistes ne touche pas que les déserts médicaux. Le phénomène arrive aussi dans les grandes villes comme Paris, avec -21 % d’effectifs en 7 ans. Cela s’explique par le prix trop élevé de l’immobilier comparé aux revenus des généralistes. En fait, sur cette période, seuls les départements de la façade atlantique et de la région Rhône-Alpes ont vu leur nombre de généralistes augmenter.
Un projet de loi santé « étatiste » et « liberticide »
Dans ce contexte déjà tendu, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est sans doute le projet de loi santé de Marisol Touraine présenté en Conseil des ministres le 17 octobre. L’UNOF, MG France ou la FMF y sont farouchement opposés. Tous ces syndicats le jugent « étatiste » et « liberticide ».
Première mesure dénoncée, « l’usine à gaz » du Service Territorial de Santé au public. D’après eux, le dispositif est « illisible » et vise à supprimer la liberté d’installation des libéraux.
Ces médecins vont même jusqu’à dire que les Agences Régionales de Santé (ARS) veulent gérer la répartition des patients dans les cabinets et organiser les plannings de garde. Enfin, selon eux, ce projet prône le tout hôpital, au détriment des libéraux.
Ecoutez le Dr Luc Duquesnel : « Là on va tout centrer sur l’hôpital, c’est l’hôpital qui va commander sur les territoires. »
Un système de garde sera mis en place à Noël
Enfin, les généralistes interrogés ne craignent pas de perdre la confiance des Français en faisant cette grève pendant les fêtes. Le Dr Luc Duquesnel et l’UNOF vont d’ailleurs organiser une campagne d’information et d’affichage à destination des patients pour leur faire comprendre le mouvement.
Ce médecin a aussi expliqué aussi que, durant cette période, les cabinets vont continuer à répondre aux urgences, comme lors des jours fériés et des dimanches.
Au final, les seuls patients pénalisés seront ceux qui viennent pour des renouvellements de traitements ou des certificaux médicaux. Eux devront par contre attendre le 2 janvier pour voir la porte de leur généraliste ouverte.
(1) Union Nationale des Omnipraticiens Français-Confédération des Syndicats Médicaux Français