Si vous jouez aux « mots coupés » ou à la « mémoire d’éléphant » dans l’espoir de vous prémunir des maladies neurodégénératives, vous vous fourvoyez. C’est en tout cas l’avis de quelques 70 professeurs en psychologie, médecine et neurologie, qui signent une tribune commune publiée sur le site internet du Stanford Center on Longevity.
Des messages pernicieux
« On fait croire aux consommateurs que jouer à des jeux de stimulation cérébrale les rendra plus intelligents, plus alertes, plus à même d’apprendre vite et mieux. Le plus pernicieux de ces messages consiste à affirmer, sans aucune preuve scientifique tangible, que ces jeux peuvent prévenir la maladie d’Alzheimer, ou inverser ses effets », écrivent-ils.
Or, les choses sont loin d’être aussi simples, selon eux. « A ce jour, nous ne disposons pas de preuves suffisantes que jouer à des jeux cérébraux améliore les facultés cognitives ». Tout est dit. Les scientifiques américains et européens dénoncent ainsi la stratégie de l’industrie du jeu, qui martèle des messages « implicites ou explicites » sur les vertus supposées des jeux de stimulation cérébrale, au mépris de toute rigueur scientifique.
De fait, dans leur stratégie marketing, certaines sociétés n’hésitent pas à assurer que ces jeux sont « conçus par des scientifiques »… « Ces allégations exagérées et trompeuses exploitent l’anxiété des personnes âgées, qui craignent un déclin cognitif imminent », notent les auteurs.
Une publicité nocive
Cette « publicité agressive » aurait, en fait, un effet véritablement néfaste. Elle pousserait le consommateur à modifier ses comportements dans un sens – le jeu – en occultant des habitudes de vie qui augmentent les risques de contracter la maladie d’Alzheimer. « La promesse d’un remède magique nuit à la clarté de la meilleure des preuves dont on dispose à ce jour : la santé cognitive chez les personnes âgées reflète les effets à long terme d’un mode de vie sain et actif ».
Malgré tout, les auteurs du texte ne nient pas les effets éventuellement bénéfiques des jeux de mémoire et autres sports cérébraux. Simplement, ils invitent à ne pas prendre les messages de l’industrie pour argent comptant. « Nous encourageons la poursuite de recherches minutieuses et leurs validations », concluent-ils. Mais d’ici là, pour éviter Alzheimer, mieux vaut faire un peu de marche tous les jours qu’une grille de mots croisés…