L'heure est à la modération. Les dépassements d'honoraires affichent une légère baisse depuis le début de l'année. C'est ce que révèle le Figaro qui s'est procuré un prérapport établi par l'Assurance maladie. «L'inversion de la tendance à la hausse des taux de dépassement observée depuis 2011, confirmée en 2013, se renforce au premier semestre 2014 », indiquent les auteurs de ce document présenté mercredi à l'Observatoire des pratiques tarifaires.
La baisse est modeste, mais réelle : les dépassements d'honoraires sont passés de 55,1 % du tarif Sécu en 2013, à 54,5 % sur la période. Pédiatres, dermatologues, endocrinologues ou encore gynécologues sont les médecins ayant le plus baissé leurs tarifs.
La chasse aux dépassements d'honoraires abusifs, qui est l'un des chevaux de bataille de Marisol Touraine, commence donc à payer. Les rappels à l'ordre des médecins qui pratiquaient des dépassements « excessifs », c'est-à-dire plus de deux fois et demi le tarif de la sécu ont eu, semble-t-il, un effet dissuasif. Même si le nombre de médecins réellement sanctionnés reste très faible. « Les quelques centaines de médecins ciblés l'année dernière, au minimum par un courrier d'avertissement, ont raboté leurs tarifs de 24,4 % estime l'Assurance maladie. Leurs dépassements, qui culminaient à 181 % en moyenne, sont passés sous le seuil fatidique des 150 % déclenchant les poursuites, à 136,6 % », rapporte le Figaro.
Quant au contrat d'accès aux soins, signé par 11 000 médecins, les experts hésitent à affirmer qu'il est à l'origine de cette baisse des dépassements. Même si c'est sa mission première puisque ses signataires s'engagent à geler le coût de leurs consultations pendant trois ans, en échange du paiement d'une partie de leurs cotisations sociales par la Sécu. Les médecins savent aussi modérer spontanément leurs tarifs quand ils sont face à un patient durement touché par la crise.
La bonne nouvelle doit cependant être tempérée. Un document de travail de la Caisse nationale d'assurance maladie révélait en septembre dernier que la médaille avait son revers. Si les plus gros dépassements d'honoraires avaient effectivement diminué, le nombre de médecins pratiquant des dépassements – pas excessifs – avait, lui, augmenté. Or, en temps de crise, des dépassements d'honoraires même modérés peuvent être insurmontables pour certains patients.