Transplanter un coeur qui ne bat plus, c’est possible. Pour le moment, seuls des coeurs battant encore sont prélevés. Des essais cliniques sont menés pour changer les choses. Une équipe de l’hôpital Saint-Vincent de Sydney (Australie) a tenu une conférence de presse pour annoncer son premier succès. Trois patients ont reçu des coeurs « morts. » Deux se portent bien, le troisième est toujours en soins intensifs mais récupère rapidement.
Un délai maximal de 20 minutes
Cette nouvelle technique s’appuie sur une machine surnommée « heart-in-a-box » (coeur dans une boîte). Placé dans un environnement stérile, le coeur est réanimé électriquement et préservé à l’aide d’une solution. « Le coeur a juste besoin d’être traversé par du volume », a résumé le cardiologue Kumud Dhital lors de la conférence de presse. « Si le coeur est en bon état, il fonctionnera à nouveau. Mais il faut parfois le relancer avec un petit choc électrique. » Une seule limite : le coeur doit être arrêté depuis 20 minutes maximum. Il est ensuite trop endommagé. Lors des essais cliniques, les coeurs ont été conservés quatre heures dans la machine, puis transplantés.
Les premières greffes ont été réalisées sur trois patients. Deux d’entre eux ont bien récupéré : Michelle Gribilas, 57 ans, qui souffrait d’insuffisance cardiaque congénitale, et Jan Damen, 43 ans. La première a pu quitter l’hôpital, le second est toujours en convalescence. Le troisième patient est encore en soins intensifs, mais se remet rapidement selon l’équipe médicale.
Regardez le reportage de la chaîne australienne 7 News :
Sauver 30 % de vies en plus
Cette technique suscite l’enthousiasme, car elle permettrait d’augmenter considérablement le nombre d’organes disponibles. Un élément crucial car les cardiologues du monde entier manquent de coeurs à greffer… et les expérimentations autour du coeur artificiel ne font que commencer. Aux yeux du Pr Peter MacDonald, directeur de l’unité de transplantation cardiaque de l’hôpital Saint-Vincent, il serait possible de sauver 30 % de vies en plus.
Il est encore trop tôt pour affirmer que ce type de greffe sera répandue à l’avenir, tempère James Neuberger, directeur médical adjoint du service « Sang et transplantation » au service de santé britannique (NHS). Interrogé par la BBC, il a déclaré : « La machine à perfusion est l’opportunité d’augmenter le nombre et la qualité des organes disponibles à la greffe. Nous attendons avec impatience que d’autres travaux soient conduits afin de déterminer l’impact de cette technologie sur le nombre d’organes qui pourraient être utilisés en toute sécurité en transplantation, et sur la qualité de ces organes. Il est trop tôt pour prédire combien de vies pourront être sauvées chaque année si cette technologie devenait la transplantation standard. »