L’auto-prélèvement vaginal est efficace, mais il est aussi une bonne alternative au frottis pour les femmes ne participant pas au dépistage du cancer du col de l’utérus. C'est ce que révèle une étude du CHRU de Tours menée sur des milliers de femmes et publiée dans le British journal of Cancer. Elle montre en effet que l’envoi d’un kit pour auto-prélèvement vaginal au domicile de femmes non dépistées permet d’obtenir une participation plus élevée au dépistage du cancer du col de l'utérus.
L’auto-prélèvement augmente la participation
En détails, la recherche a été menée de mars 2012 à septembre 2013 sur 6 000 femmes résidant en Indre-et-Loire. L’envoi d’un kit pour auto-prélèvement vaginal au domicile de femmes non dépistées a permis d’obtenir une participation de 22, 5 %, contre seulement 11,7 % parmi les femmes recevant un courrier les incitant à réaliser un frottis, et 9,9 % parmi les femmes ne recevant ni courrier ni kit pour auto-prélèvement.
Ces femmes, qui ont le plus participé au dépistage, ont, en fait, reçu un kit contenant un courrier explicatif, un écouvillon, une fiche d’identification, une notice explicative illustrée et une enveloppe retour pré-affranchie. Elles ont dû réaliser leur autoprélèvement seule. elles l'ont ensuite envoyé au laboratoire de virologie afin de rechercher la présence éventuelle de papillomavirus qui sont la principale cause du cancer du col de l'utérus. Le cas échéant, elles devaient consulter un médecin pour réaliser un frottis.
Vers un nouveau mode de dépistage
Pour le Dr Ken Haguenoer, qui a mené l'étude au CHRU de Tours, ces résultats plaident en faveur de ce nouveau mode de dépistage, en particulier sur les cibles de femmes peu sensibles aux recommandations.
Car le dépistage de ce cancer par frottis cervico-utérin stagne actuellement en France. Son taux de couverture est en effet bloqué à 57 % depuis plusieurs années, avec de fortes disparités économiques et géographiques. Même chose dans les autres pays européens, où seulement une femme sur deux le réalise en Grande-Bretagne. Les principales raisons de cette faible adhésion sont les difficultés d’accès ou les réticences vis-à-vis de l’examen gynécologique et l’absence de dépistage organisé, a pointé récemment une étude publiée dans le British Medical Journal.
Pourtant, en France, il est recommandé tous les trois ans, entre 25 et 65 ans.
Un excellent rapport coût/efficacité
L’analyse médico-économique montre également que l’envoi d’un kit pour auto-prélèvement était plus coût-efficace (63.2€ par femme supplémentaire dépistée) que l’envoi d’un courrier de relance (77.8€).
Alors que le plan cancer 2014-2019 prévoit la mise en place d’un dépistage organisé du cancer du col de l’utérus, l’auto-prélèvement vaginal pourrait, dans ce cadre, être proposé aux femmes non participantes.
Pour rappel, le cancer du col de l’utérus est lié à une infection à papillomavirus humain transmise par voie sexuelle. En France, il touche chaque année environ 3.000 femmes et est à l’origine de 1.000 décès.