Une fois de plus l’aspirine, belle dame pleine d’atouts, mais pas sans danger, fait parler d’elle.
L’aspirine est une surdouée. Elle fait baisser la fièvre, calme le mal à la tête, fluidifie le sang et protège le cœur, et comme si ce n’était pas suffisant, elle préviendrait certains cancers... Mais le revers de la médaille de tous ces effets bénéfiques , c’est qu’elle peut faire saigner. Et ceux qui étaient tentés de la donner larga manu, un peu à tout le monde à partir de 50 ans doivent se calmer : une toute nouvelle étude vient de montrer que le risque d’hémorragie est plus élevé que prévu .
Et de quel type d’hémorragie s’agit-il?
Essentiellement des hémorragies digestives, mais aussi cérébrales, bien que celles-ci soient plus rares. Jusqu’à présent, ce risque d’hémorragie chez des non cardiaques, n’avait pas été évalué. C’est chose faite avec cette étude. Elle porte sur près de 200 000 personnes traitées par de faibles doses d’aspirine ( moins de 300 mg/j) qui ont été comparées à autant de témoins du même âge qui eux ne prenaient pas d’aspirine.
Et concrètement quels sont les résultats?
Les chercheurs ont retrouvé 2 hémorragies graves pour 1000 patients. Cependant, il faut opposer ce chiffre au bénéfice qui est du même ordre : 2 cas d’ atteintes cardiovasculaires graves ont été évités. Balle au centre donc . Mais pour les spécialistes, s’il est légitime de prendre un risque de saignement chez les personnes qui ont déjà fait un accident cardiaque ou cérébral et qui ont donc besoin d’avoir un sang plus fluide, il n’est pas concevable de le faire aussi pour ceux qui n’ont pas encore eu ce type de problème.
Et il n’est pas possible de prévenir ces hémorragies ?
Oui en partie: tout d’abord en repérant les personnes les plus à risque comme les patients de plus de 65 ans, les diabétiques, les hypertendus, les personnes prenant des anti-inflammatoires, ou encore ceux déjà hospitalisés pour des problèmes ulcéreux. Ensuite , cette étude montre aussi que les médicaments anti–ulcéreux , les protecteurs de l’estomac sont efficaces pour prévenir les hémorragies.
Donc laissons l’aspirine à ceux qui en ont vraiment besoin et ne jouons pas les apprentis sorciers car avec cette vieille dame centenaire qu’est l’aspirine, le meilleur côtoie le pire.
Référence
Association of Aspirin Use With Major Bleeding in Patients With and Without Diabetes