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Unicef :

Pauvreté en France : 440 000 enfants victimes de la crise

Dans son rapport sur « les enfants de la récession », Unicef analyse l’impact de la crise économique de 2008 sur le bien-être des enfants de 41 pays industrialisés, dont la France.

 Pauvreté en France : 440 000 enfants victimes de la crise Capture d'écran Unicef




Ils vivent dans des pays riches. Mais loin d’être des pourris-gâtés, ils subissent de plein fouet les retombées de la crise économique. Les enfants issus de la « génération récession » sont les premières victimes de ces maux qui rongent les sociétés industrialisées : perte du pouvoir d’achat, précarisation, hausse du chômage, réduction des aides… L'Unicef a décidé de sonder leur bien-être, dans un rapport portant sur les 41 pays les plus riches.

440 000. C’est le nombre d’enfants qui ont rejoint la catégorie des pauvres entre 2008 et 2012 en France – soit une hausse de 3 points. Certes, l’Hexagone s’en sort mieux que la Grèce (+17,5 %), ou que l’Islande (+20,4 %). Mais elle est loin de faire bonne figure. Sur les 41 pays étudiés par l'Unicef pour leur gestion de la pauvreté infantile, elle n’est qu’en 30e position…

Dans ces pays, 2,6 millions d’enfants sont tombés sous le seuil de la pauvreté entre 2008 et 2012. Et si, de manière assez spectaculaire, 18 Etats ont réussi à réduire la pauvreté de leurs enfants, chez les autres, c’est une autre affaire…


Evolution de la pauvreté des enfants (0-17 ans) par rapport à 2008 - Eurostat / Unicef

Une enfance démunie et stressée
A l’instar de leur famille, ces enfants disposent de ressources amputées. Ainsi, dans deux tiers des pays européens, les auteurs notent une aggravation du dénuement matériel. Dans ces foyers, les objets du quotidien viennent à manquer : chauffage, machine à laver, voiture... Trois pays sont particulièrement concernés, où vivent la moitié des enfants les plus démunis : en Italie (16 %), en Roumanie (14 %) et au Royaume-Uni (14 %).

L’accès à la nourriture et au logement se fait de plus en plus difficile. Médecins du Monde témoigne de cette réalité. « Les enfants se pressent dans nos centres. Si la plupart sont des mineurs étrangers en situation irrégulière, les jeunes Français précaires sont de plus en plus nombreux. Souvent, leurs familles subissent l’effet de seuil : elles gagnent trop pour percevoir des aides, mais pas assez pour ne pas manquer. Nous commençons à documenter ce phénomène nouveau ».

Ces conditions de vie impactent directement le moral des enfants, comme l'expliquent les auteurs du rapport. « Ils peuvent rarement échapper au stress et à la souffrance de leurs parents lorsque ceux-ci sont confrontés au chômage ou à une baisse significative de leurs revenus, écrivent-ils. Consciemment ou pas, ils essuient les conséquences de la modification de leur régime alimentaire, de l’abandon du sport, de la musique ou d’autres activités, ou du manque d’argent pour acheter des fournitures scolaires. »


Les effets de la crise en Grèce, selon les enfants - Enquête HSBC 2014 / Unicef

Génération « No future »
Alors que leurs parents ont vécu l’insouciance des Trente Glorieuses, les enfants de ces pays riches ont des perspectives d’avenir très différentes. Le pourcentage de jeunes de 15 à 24 ans qui ne suivent ni études, ni formation, ni travail, a augmenté dans la plupart des pays riches depuis 2008.

Le taux NEET (Not in Education, Employment or Training) a ainsi explosé en Europe, dans des pays comme la Croatie, Chypre, ou encore l’Italie. La France limite la casse sur ce critère. Elle se situe en 12e position, avec 11,2 % des 15-24 ans dans cette situation, soit une augmentation de 1 point entre 2008 et 2013. Mais son taux de chômage parmi les jeunes reste dramatiquement élevé : 23,9 % (+5 points depuis 2008).

Pour ces enfants de la crise, les lendemains ne chantent pas. Ils savent qu’ils constituent un poids pour leur propre famille. Les auteurs notent ainsi que depuis la récession, avoir des enfants augmente de 7 à 11 % le risque de devenir un travailleur pauvre. « Les enfants ne sont pas au bout de leur peine, prédisent les auteurs. Il faudra sans doute des années pour que nombre d’entre eux retrouvent le niveau de bien-être antérieur à la crise ». Ils appellent les Etats à prendre des mesures. Sans quoi, « toute une génération pourrait être sacrifiée ».


Comment la crise financière s’est-elle transformée en crise pour les enfants ?  Natali et al., Trends in Child Well-being in EU Countries during the Great Recession / Unicef

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