Neuf maisons de retraite sur dix n'auraient pas les moyens d'assurer de bonnes conditions d'accueil à leurs pensionnaires. C'est le constat accablant de l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) qui révèle ce lundi une enquête faisant état d'alertes répétées de la part des associations représentatives des familles de pensionnaires. Selon ces directeurs de maisons de retraite, le nombre de cas de « maltraitance institutionnelle », c'est-à-dire une maltraitance précaire par manque de moyens, a explosé.
Des personnes âgées qui mangent en 10 minutes
Parmi les exemples les plus terribles, l'association révèle que les personnes âgées dans certains établissement doivent manger en 10 minutes. Qu'elles portent des protections urinaires alors qu’elles pourraient aller aux toilettes. Pire encore, certaines personnes âgées, insuffisamment accompagnées à la marche en établissement, sont contraintes de rester en fauteuil roulant. Pour l'association, ces situations se produiraient aussi à domicile.
Et pour les professionnels travaillant dans les maisons de retraite, ce constat a aussi des conséquences désastreuses. Les salariés en établissemen travaillent en effet dans l’un des secteurs les plus générateurs d’accidents du travail et de maladies professionnelles.
Pour eux, il y a aussi la pression de perdre leur emploi puisqu'à cause d'un financement insuffisant, on dénombre de plus en plus de suppressions d’emplois.
A la recherche de psy, animateurs, assistants...
Alors, « compte tenu de l’aggravation de la situation économique et des difficultés majeures que vivent les personnes âgées », l’AD-PA propose un Plan Emploi Autonomie (PEA) « de grande ampleur ».
Ce PEA prévoit la création de 200 000 emplois en établissements, services à domicile et coordinations pour personnes âgées. Avec un coût de 7 milliards d’euros, « quand le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) représente 20 milliards pour une hypothèse de création de 40.000 emplois par an », fait remarquer l'AD-PA.
Parmi les métiers les plus recherchés les maisons de retraite figurent les psychologues, les responsables de coordination, les animateurs, les assistants de vie sociale, ou encore les personnels d’entretien et de ménage.
L'AD-PA propose un financement de son plan
Et sur le financement de ces postes justement, l'association propose 2,5 milliards d’économies sur les allocations chômage, 4,5 milliards de remboursement par l’Assurance Maladie, l’instauration d’une taxe sur les successions acceptée à l’unanimité par le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) en 2011, et enfin l’allègement des cotisations sociales pour les structures associatives et publiques ne bénéficiant pas du CICE.