Etre porteur du VIH et neutraliser le virus, cela serait possible grâce à notre ADN. En témoigne l’expérience de deux hommes âgés de 57 et 23 ans, porteurs du virus, qui n’ont jamais été malades et sont parvenus à vaincre spontanément le VIH. Une découverte faite par des chercheurs français des Instituts nationaux de la santé et de la recherche médicale de Créteil et Aix-Marseille. Leurs travaux sont publiés dans la revue Clinical Microbiology and Infection.
Un phénomène déjà observé chez les koalas
Pour parvenir à ces découvertes, les chercheurs ont identifié des anticorps chez les deux patients en question. Aucun symptôme de la maladie n'avait été observé. Les chercheurs sont tout même parvenus à reconstituer le génome du VIH présent par le biais de technologies modernes de séquençage massif. L'analyse a confirmé que les gènes du virus ont été interrompus en cours de route.
Un phénomène déjà observé chez les koalas. Cela fait en effet une dizaine d’années que ces animaux australiens deviennent de plus en plus résistants à un virus similaire à celui du VIH humain apparu en 1920. « Ce phénomène se déroule sous nos yeux pour les koalas, mais nous savons qu'il s'est produit pour beaucoup de grandes épidémies par le passé », explique au Point le Pr Didier Raoult, directeur de l'unité des maladies infectieuses et tropicales émergentes à la faculté de médecine de Marseille. « La découverte date de 2001. On sait aujourd'hui qu'environ 8 % du génome humain contient des rétrovirus désactivés. Il y a plusieurs millions d'années, les premiers rétrovirus l'envahissaient, et la riposte trouvée par l'espèce humaine a été d'intégrer ses gènes en les détériorant. C'est en fait la plus ancienne façon de lutter contre l'ennemi microbe », poursuit-il.
Pistes pour un nouveau traitement
C’est une enzyme présente dans l'ADN nommée Apobec qui serait à l’origine de cet effet neutralisant du virus. Programmée pour lutter contre le virus, celle-ci est désactivée par une protéine du VIH. Or, il existerait un moyen de préserver l'action neutralisante d'Apobec. En effet, des chercheurs américains ont constaté en août dernier qu’il était possible de stimuler cette enzyme, afin de guérir des patients atteints du sida.
Suite à ces découvertes, les chercheurs de l'Inserm sont très optimistes et envisagent d’ores et déjà des pistes de nouveaux traitements anti-VIH. Ils réflechissent également à un moyen d'identifier les patients nouvellement infectés ayant une chance de guérir spontanément, afin de leur éviter de passer par la case trithérapie.