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Troubles du sommeil

La peur du noir est source d'insomnie

Par Afsané Sabouhi

20% des insomnies s’expliquent par des facteurs comportementaux comme la peur du noir. La thérapie pour enrayer la phobie est alors beaucoup plus utile que les somnifères.

SUPERSTOCK/SIPA

« J’ai peur d’aller me coucher. Je vérifie plusieurs fois pour me convaincre qu’il n’y a rien sous mon lit. Mais dès que j’éteins la lumière, je vois des ombres, j’entends toutes sortes de bruits inquiétants. Impossible de m’endormir et en plus, je me sens complètement ridicule ». Car Claire n’est pas une petite fille, elle a 28 ans. Elle fait partie de ces adultes chez qui les terreurs nocturnes de l’enfance ne se sont jamais apaisées et sont sources d’insomnies.
Selon une étude menée chez des étudiants canadiens et présentée récemment  au congrès américain de médecine du sommeil, près de la moitié des personnes souffrant d’insomnie ont peur du noir. Plongés dans l’obscurité, ces étudiants insomniaques étaient plus rapidement effrayés par un bruit soudain que les bons dormeurs, leurs paupières clignaient plus rapidement et leur respiration s’accélérait. « La peur du noir est présente dans toutes les cultures, elle fait partie des appréhensions les plus fréquentes au sommeil.

Ces appréhensions sont à l’origine des insomnies que l’on appelle psycho-physiologiques, c’est-à-dire qui n’ont ni cause physique ni psychique de type dépression », explique le Dr Olivier Coste, somnologue ou médecin du sommeil au CHU de Bordeaux. Selon l’institut national du sommeil et de la vigilance, un Français sur cinq souffre d’insomnie, liée à des symptômes dépressifs ou anxieux dans 50% des cas, psycho-physiologique pour 20% des insomniaques. Les autres ont le sommeil troublé par un problème physique. Pour les différencier, le médecin doit interroger son patient pour identifier les raisons de ses difficultés à dormir.

Dr Olivier Coste, somnologue à la clinique du sommeil du CHU de Bordeaux : « Aller dormir doit être un plaisir, s’il y a une appréhension, ça ne va pas »



Cette forme d’appréhension du sommeil liée par exemple à la peur du noir ou à la peur de s’endormir et de lâcher prise doit être traitée comme une phobie. Elle échappe totalement aux somnifères, qui bloquent l’éveil mais ne créent pas de sommeil. D’où l’importance de l’identifier pour éviter une prise inutile de médicaments. « L’insomnie psycho-physiologique est plutôt traitée par une approche de thérapie cognitivo-comportementale, explique Olivier Coste, on cherche à lever tous les phénomènes de conditionnement à l’éveil ». Autrement dit, dénouer par une approche de psychothérapie toutes les pensées et les actions qui entretiennent cette appréhension du sommeil.

 

Dr Olivier Coste : « On travaille sur l’habituation au noir, sur la capacité à se rendormir sans savoir l’heure qu’il est. »   



Reste une peur du noir qui ne se guérit ni avec l’âge ni avec la thérapie, c’est celle qui touche les personnes souffrant d’héméralopie. Dans la forme familiale et rare de cette maladie, les personnes ne voient rien ou presque dans l’obscurité. Souvent c’est même la peur du noir panique de ces enfants qui permet de diagnostiquer qu’il n’y avait pas de monstre sous leur lit mais bien une maladie.

 

Première publication le 12 juin 2012