Une odeur de tabac froid, qui persiste alors que personne n’a fumé depuis plusieurs heures… Il s’agit du tabagisme environnemental, ces particules de tabac qui s’accumulent sur les tapis, les murs et les meubles. Selon une étude franco-américaine, parue dans la revue Environmental Science & Technology, il est encore dangereux 18 heures après la dernière cigarette fumée, et ce sont les particules ultra-fines (2,5 micromètres) qui sont les plus néfastes pour la santé.
Un pic de danger pendant 10 heures
Les équipes des universités de Berkeley (Californie, Etats-Unis) et de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ont analysé les niveaux de 58 composés organiques volatils (COV) et des particules ultra-fines (PM 2,5). Ils ont mis en place deux environnements distincts : l’un représente une pièce dans laquelle une machine a « fumé » 6 cigarettes, l’autre la maison typique d’un fumeur. Des mesures ont été prises pendant 18 heures dans le premier cas, 8 heures après la dernière consommation de cigarette dans le second.
« De nombreux fumeurs savent que le tabagisme passif est dangereux, ils ne fument donc pas en présence de leur enfant. Mais si, par exemple, ils arrêtent de fumer à 14 heures, et que les enfants rentrent à 16 heures, nos travaux montrent que les dégâts liés au tabagisme environnemental s’élèvent toujours à 60 % », explique Hugo Destaillats, principal auteur de l’étude. Les dangers des dépôts montent en pic pendant 5 heures, continuent de progresser pendant 5 autres heures avant de retomber graduellement.
Des particules fines à haut risque
Pour évaluer l’impact de ces dépôts sur la santé, les chercheurs ont utilisé le DALY (disability-adjusted life year), un outil qui mesure l’espérance de vie en bonne santé. Les composants les plus dangereux sont les PM 2,5, qui représentent 90 % des dégâts. Elles sont particulièrement dangereuses car elles pénètrent profondément les poumons, ce qui peut entraîner de graves problèmes de santé. Les chercheurs appellent toutefois à la prudence : les données disponibles proviennent d’analyses de l’air extérieur. « Les particules du tabac ont une composition différente de celles de l’air extérieur, mais il existe des similarités chimiques. Il s’agit d’une approximation de premier ordre », explique Lara Gundel, co-auteur de l’étude.
L’étude soulève une autre problématique : comment différencier le tabagisme passif du tabagisme environnemental ? Il y a souvent confusion, jugent les chercheurs. « La plupart des dommages attribués au tabagisme passif pourraient être dus au tabagisme environnemental. Parce qu’il y a une transition graduelle de l’un à l’autre, on ne connaît pas vraiment les effets chroniques du tabagisme environnemental », reconnaît Lara Gundel.