L’intolérance au lactose a un effet pour le moins surprenant : elle réduit le risque de cancer chez les personnes qui en sont atteintes. Des chercheurs de l’université de Lund (Suède) ont dressé cette association après avoir observé les dossiers médicaux de 22 788 Suédois et ceux de leurs proches. Selon les résultats, parus dans le British Journal of Cancer, c’est bien l’alimentation qui est en cause.
Le rôle du régime alimentaire
Chez les intolérants au lactose, le risque de cancer des ovaires ou du poumon est réduit de 45 %, celui de cancer du sein de 21 % par rapport à la population générale. Il « n’est pas réduit chez les proches (frères, soeurs, parents, ndlr) de ces personnes intolérantes au lactose, ce qui indique que la protection contre ces cancers est liée au régime alimentaire », précise Jianguang Li, co-auteur de l’étude. « Cependant, il serait faux de conclure que le lait est un facteur de risque de ces cancers. »
Jusqu’ici, aucune étude n’est parvenue à dresser un lien entre la consommation de lait et un risque accru de cancer. Il réduirait légèrement la probabilité de développer un cancer colorectal. « Aucune association, probable ou convaincante, n’a été rapportée entre la consommation de lait ou de produits laitiers et les autres localisations de cancer », a précisé en 2009 l’Institut national du Cancer (INCa) dans une brochure consacrée au Programme National Nutrition Santé (PNNS).
Les facteurs de croissance en question
« Afin de résoudre cette question sans réponse, nous avons adopté une nouvelle approche », explique Jianguang Ji. « Nous avons étudié si la faible consommation de lait et de produits laitiers protège les intolérants au lactose contre les cancers du sein ou des ovaires. Puisque les études épidémiologique et animales ont montré que la consommation de lait et le risque de cancer du poumon sont tous deux associés à la protéine IGF-1 (facteur de croissance analogue à l’insuline 1), nous avons aussi étudié le cancer du poumon. »
D’autres facteurs de croissance, destinés au veau, sont pointés du doigt par les « anti-lait » (EGF épidermiques, TGF-B transformantes). De plus, le moindre apport calorique lié à la faible consommation de lait et les facteurs protecteurs présents dans les boissons lactées à base de plantes pourraient expliquer la réduction du risque.
Mais ces résultats sont à prendre avec prudence. « L’association que nous avons trouvées est insuffisante pour conclure à un effet causal », souligne Jianguang Ji. « Des études complémentaires sont nécessaires pour identifier les facteurs qui expliquent les résultats de cette étude. »