Elle est invisible, silencieuse, souvent indolore et tue chaque année des milliers d’Européens. La pollution atmosphérique est l’ennemi insidieux du citadin. Chaque jour, un adulte inhale entre 10 000 et 20 000 litres d’air. Nos cellules pulmonaires y trouvent l'oxygène mais aussi quantités de particules émises par nos voitures, chauffages, usines... Nos voies respiratoires peuvent en souffrir : inflammations (rhinites, bronchites,...), allergies, asthmes mais aussi cancers du poumon. En passant dans notre circulation sanguine, les particules les plus fines peuvent y former des caillots, modifier la taille des artères et vaisseaux, ce qui perturbe le fonctionnement du cœur et l'alimentation en oxygène de notre cerveau, avec des risques d’infarctus.
Des études récentes montrent aussi des effets néfastes sur la croissance des fœtus et le stock de cellules immunitaires des enfants à la naissance. Or, « contrairement à ce que l’on pense, la pollution de l’air ambiant urbain ne diminue pas », indique Isabelle Annesi-Maesano, chercheuse à la faculté de médecine Pierre-et-Marie-Curie (UMR-S 707 Inserm). Et ne vous croyez pas épargnés dans le réseau souterrain des transports en commun. Celui-ci est riche en particules métalliques liées au système de freinage des rames !
Autre danger pour notre santé : le bruit. Selon l’OMS, un Européen sur cinq serait régulièrement exposé, la nuit, à des niveaux sonores nocifs pour sa santé. Trafics aériens et routiers, voisinage... En gênant notre endormissement, en « cassant » nos nuits, le bruit induit, le jour, somnolence, difficultés de concentration, irritabilité... Ces troubles du sommeil peuvent entraîner des hypertensions, des anomalies cardiaques et même des dépressions.
« Pour un repos nocturne de bonne qualité, le niveau sonore ne devrait pas excéder 30 décibels », souligne Yves Cazals de l’université d’Aix-Marseille (UMR Inserm 7286). Le jour, c'est directement les cellules ciliées de notre oreille qui sont menacées. « Aujourd’hui, un usager de baladeur sur 10 risque d’avoir des troubles d’audition », avertit le chercheur.
Quant aux ondes électromagnétiques qui ont envahi notre quotidien, toutes ne sont pas à mettre dans le même bain. Lignes à haute tension, appareils électriques et électroniques émettent des ondes dans la gamme des basses fréquences. Leur champ magnétique peut exciter les muscles et les nerfs de notre corps. « Mais pour des puissances bien au-delà des limites recommandées ! », indique Isabelle Lagroye du laboratoire de bioélectromagnétisme de Bordeaux (UMR 5218 Ecole pratique des hautes études).
Les antennes-relais et les téléphones mobiles reçoivent et émettent dans la gamme des radiofréquences. Au niveau des cellules, ces ondes peuvent augmenter l'agitation des molécules d'eau et dérégler son fonctionnement par effet thermique. Mais ces effets seraient effectifs pour des puissances bien supérieures aux seuils de préconisation actuels.
« Aujourd’hui, aucune étude épidémiologique, ni aucun mécanisme biologique connu, ne permet de dire que l’utilisation du téléphone mobile augmente le risque de tumeur du cerveau », complète Catherine Yardin, médecin et professeur à l’université de Limoges. Pourtant quand on téléphone, on a bien l’oreille qui chauffe ? « Oui, mais c’est dû à l’électronique, et surtout au fait de garder le téléphone tout contre soi, cela empêche la circulation d’air », explique Yves Le Dréan, de l’Institut de recherche sur la santé, l’environnement et le travail de Rennes (unité 1085 Inserm/Université Rennes 1). Rassuré ? Sinon, il reste l'oreillette.
Gaëlle Lahoreau
Sciences et Santé, le magazine de l'Inserm