Cantine scolaire ou repas fait maison ? Le débat est sans doute aussi vieux que l’école elle-même. La balance penche clairement en faveur des repas préparés par les établissements. Une étude américaine a comparé la qualité des repas scolaires et des paniers-repas qu’apportent les écoliers. Les résultats, publiés dans le Journal of Nutrition, Education & Behavior, confirment le discours des autorités : mieux vaut manger à la cantine.
A la maison, trop de lipides
Aux Etats-Unis, comme en France, un programme national établit les références nutritionnelles à appliquer pour les déjeuners. Mais sont-ils appliqués par les parents et les écoles ? De nombreux établissements proposent plusieurs choix à l’heure du repas… et les enfants ne choisissent pas toujours les options les plus saines.
Partant de ce constat, une équipe de Virginia Tech s’est rendue dans trois écoles. Chaque chercheur a suivi, pendant 5 jours, 10 étudiants et les a interrogés sur leur alimentation (1 314 au total). Premier constat : 40 % des enfants ont apporté un panier-repas tous les jours.
« Nous avons découvert que les plats préparés par les parents avaient une moindre qualité nutritionnelle que les repas scolaires, et que les écoliers qui amenaient leur repas avaient bien plus d’aliments qui contenaient plus de lipides, de sucres ajoutés, et consommaient aussi plus de boissons sucrées », résume Alisha Farris, principale auteur de l’étude. Les plats préparés par l’école, eux, offraient trop peu de calories ou de fer. Mais globalement, les différentes options s’avéraient plutôt équilibrées.
Inculquer les bonnes habitudes
Comment expliquer ce déséquilibre entre les repas scolaires et ceux faits maison ? Les établissements ont plutôt tendance à proposer des fruits et légumes. Lorsque c’est la famille qui cuisine, les plats contiennent plus souvent des aliments préparés industriellement… et assez peu de légumes. Alisha Farris, interrogée par le Journal of Nutrition, Education & Behavior, émet plusieurs hypothèses : « Les parents ne considèrent pas (les légumes) comme une part importante des paniers-repas, ou ils ont essayé de les ajouter par le passé, et ils sont revenus intacts », avance-t-elle. « Les parents ne veulent pas gâcher d’argent ou de nourriture. »
En France, la problématique reste la même : quelle est la qualité de l’alimentation fournie par les parents ? Il ne s’agit pas d’un point de détail, puisque, selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), la moitié des élèves du primaire et un tiers de ceux du secondaire déjeunent chez eux deux fois par semaine. Or, « les habitudes se développent dans la petite enfance et persistent à l’adolescence », souligne Elena Serrano, principale chercheuse. L’heure du déjeuner « est donc un moment crucial pour promouvoir une alimentation saine. Définir les nombreux facteurs qui influencent la décision de participer au programme national de nutrition ou d’apporter un panier-repas est vital pour régler le problème de la mauvaise qualité de ces derniers. »