Son fils devait être scolarisé à 200 m du périphérique parisien, et baigné dans la pollution atmosphérique générée par le passage quotidien d'un million de véhicules. « Comme on en avait les moyens, on l’a inscrit dans le privé. Mais tout le monde n’a pas cette possibilité. Beaucoup de gens qui habitent le long du “périph” sont en situation précaire et logent dans des HLM », souligne Elodie.
Ne serions-nous donc pas tous égaux face aux dangers de notre environnement ? Y aurait-il une « injustice environnementale » ? D'origine américaine, ce concept suscite de plus en plus d'études en France. Des chercheurs ont, par exemple, montré que les sites industriels de Lille étaient plus nombreux dans les zones les plus défavorisées. Mais outre ces différences d’expositions, les chercheurs se penchent aussi sur les différences de vulnérabilité.
« Les groupes socio-économiques défavorisés sont souvent plus sensibles aux effets sanitaires des pollutions. Leur état de santé est souvent plus dégradé et ils ont un moindre accès au système de soins », explique Séverine Deguen, professeur à l’École des hautes études en santé publique de Rennes (unité 1085 Inserm/Université Rennes 1). Les injustices environnementales pourraient ainsi contribuer aux inégalités sociales de santé, aux différences de fréquence de maladies, d'espérance de vie, observées entre les différentes classes socio-économiques de notre pays.
Gaëlle Lahoreau
Sciences et Santé, le magazine de l'Inserm