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Décès de Corentin

Appendicectomie : quatre fois moins en trente ans

Par Cécile Coumau

La mort de Corentin, 11 ans, à cause d'une opération de l'appendicite, montre que cette intervention fréquente n'est pas dénuée de risques. 

WITT/SIPA

Une opération de l'appendicite, quoi de plus banal ! Dans les années 80, on en pratiquait plus de 300 000 par an. Et pourtant, cet acte chirurgical appelé appendicectomie n'est pas dénué de risques. Pour preuve, Corentin, un jeune garçon de 11 ans, est décédé alors qu’il était opéré de l’appendicite, à la clinique Claude-Bernard de Metz (Moselle). L'aorte et le foie auraient été touchés.

 

0,5 décès pour 1000 opérations

Mais, le cas de Corentin est-il exceptionnel ? Pas tout à fait mais les décès sont quand même fort heureusement très rares. D'après un rapport de la Drees paru en février 2014, lorsque l’appendicectomie est réalisée pour une appendicite non grave, la mortalité est inférieure à 0,5 pour mille au cours du séjour et elle n’a pas varié depuis 1997. En revanche, en cas d'abcès et de péritonites, les risques sont bien plus importants puisque la mortalité est 6 fois plus importante pour les abcès et 17 fois pour les péritonites.

 

Par ailleurs, le cas de Corentin, 11 ans, est d'autant plus rare que les drames concernent surtout les personnes âgées. Le taux de mortalité est de 0,5 pour mille avant 55 ans, il atteint 2 % entre 75 et 84 ans et frise les 7 % chez les 85 ans ou plus. En 2012, 60 % des décès totaux sont survenus chez des patients de 75 ans ou plus, le plus souvent à la suite d’une appendicite grave ou d’une pathologie non appendiculaire. 


Quelles complications ?

La Haute Autorité de Santé précisait d'ailleurs dans ses recommandations de 2012 que " même si l’appendicectomie est un acte courant, il peut néanmoins entraîner des complications spécifiques (péritonite par lâchage du moignon, abcès postopératoires…) et des complications inhérentes à tout acte de chirurgie abdominale (phlébite, embolie pulmonaire, hémorragie, infection au niveau de l'incision, de la sonde urinaire, d'une voie veineuse, occlusion et bride intra-péritonéale…).


4 fois moins d'opérations en 30 ans

Quant à la fréquence de cet acte chirurgical, elle n'a cessé de diminuer. Le rapport de la Drees de février 2014 précise qu'on a enregistré une baisse des appendicectomies de 8 % en moyenne chaque année entre 2000 et 2003. Elle est cependant moins rapide après 2003 (-2,8 % par an entre 2003 et 2012).  La Drees explique que cette diminution importante coïncide avec la période où les examens morphologiques, échographie ou scanner, sont devenus usuels dans la démarche diagnostique de l’appendicite aiguë. Concrètement, en 30 ans, le nombre d'opérations a été divisé par 4.

 

L'amélioration des pratiques rend bien sûr la mort du petit Corentin encore plus incompréhensible. L’Agence régionale de santé (ARS) de Lorraine et le parquet de Metz ont lancé une enquête. De son côté, le directeur de la clinique, Cyril Dufourq, a promis dans un communiqué que son établissement ferait « toute la transparence sur les faits. »