Une nouvelle récompense va orner l’étagère déjà bien garnie du Pr Alim-Louis Benabid. Le neurochirurgien au CHU de Grenoble vient de recevoir le prix « 2015 Breaktrough Prize » pour sa découverte d'une technique révolutionnaire d'opération des patients atteints de la maladie de Parkinson.
Il est le premier européen à obtenir ce prix (d'une valeur de 3 millions de dollars) qui récompense chaque année les chercheurs les plus brillants ayant contribué à de grandes avancées dans le diagnostic, le traitement et la prévention des maladies humaines. Il avait reçu il y a quelques semaines le prix Lasker, considéré comme le « Nobel » américain.
Ces récompenses prestigieuses viennent couronner une vie de recherche, en particulier la mise au point de la « stimulation cérébrale profonde » (SCP) pour soigner les symptômes de la maladie de Parkinson. Cette technique consiste à implanter des électrodes chez des patients éveillés, sans ouvrir le cerveau : des petits trous sont percés dans le crâne qui permettent d'introduire des électrodes très fines, d’1mm de diamètre. Dans ces électrodes, on fait passer un courant électrique de fréquences variables : « Ce que j’ai découvert, c’est que, quand ces courants sont suffisamment élevés, (aux alentours de 100 hertz), cela bloque l’activité de la cellule qu’on stimule et diminue considérablement les symptômes de la maladie de Parkinson », expliquait le Pr Alim-Louis Benabid à pourquoidocteur.com il y a quelques semaines.
Une technique révolutionnaire, et réversible
Cette technique révolutionnaire permet d’obtenir les mêmes résultats qu'en détruisant les cellules, la méthode que l’on utilisait auparavant, mais sans les désavantages. La technique précédente « chauffait le tissu et le faisait cuire de manière irréversible », explique-t-il. Dans certains cas, la destruction entraînait des complications non-désirées qui pouvaient être plus graves que les symptômes de la maladie de Parkinson que l’on souhaitait soigner à la base. « Ma méthode, elle, est réversible : dès qu’on retire le courant, tout revient comme avant », explique ainsi le Pr Benabid, ce qui empêche les complications. Comme pour un pacemaker, l'électrode peut être reliée à un stimulateur, afin de maintenir la fréquence de 100 Hz et annuler les symtômes de Parkinson sur le long terme.
Ecoutez le Pr Benabid : « C’était [une découverte] tout à fait révolutionnaire, d’autant plus que sur le plan physiologique ce que l’on observait était l’inverse de ce que l’on prévoyait. » (Entretien publié le 9 septembre 2014)