Si les moustiques apprécient particulièrement notre sang, c’est en fait à cause d’une modification génétique qui les rend très sensibles à l’odeur humaine. C’est ce que révèle un papier publié dans la revue Nature du 12 novembre. Le gène en question code des détecteurs de l’antenne (ce qui lui sert de nez) du « moustique de la fièvre jaune ». Ces récepteurs sont très réceptifs au sulcatone, un des composants très courants de l’odeur humaine.
Les chercheurs se sont même rendus compte que la version du gène AaegOr4 est plus présente et plus sensible chez les moustiques « domestiques » c’est-à-dire ceux qui vivent en compagnie des hommes, que chez leurs ancêtres forestiers qui préfèrent le sang des animaux et que l'on trouve encore le long des côtes du Kenya.
L'odeur, facteur prédominant
« Plus on en apprend sur ces gènes et l’odeur qui attire les moustiques, et plus on aura de possibilités de pouvoir manipuler leur réceptivité » explique Carolun McBride, professeur assistant à l’Université de Princeton, en précisant que si l’odeur n’est pas l’unique moteur du comportement des moustiques, c’est tout de même un facteur prédominant. A terme, la meilleure compréhension du comportement de ces moustiques pourrait permettre de mettre en place de nouvelles techniques pour se protéger de cet animal, qui est le plus mortel du monde.
Le moustique de la fièvre jaune, Aedes aegypti, qui peut aussi propager la dengue et le chikungunya, existe dans les zones tropicales et subtropicales partout dans le monde. La fièvre jaune tue chaque année des dizaines de milliers de personnes par an, principalement en Afrique. Plusieurs millions de personnes sont infectés par la dengue. Si l'Aedes aegytpi peut propager la dengue et le chikungunya, il ne doit pas être confondu avec le moustique tigre (Aedes albopictus) qui est responsable de l'épidémie de chikungunya aux Antilles et qui a touché la France ces derniers mois.
La recherche suggère qu’il pourrait exister la même modification génétique chez d’autres moustiques, comme ceux responsables de la malaria, même si ils appartiennent à une espèce différente que l’Aedes aegypti. La découverte de ce gène pourrait donc être une première étape pour lutter à grande échelle contre les maladies propagées par les moustiques.