« Une perte de confiance », « un choc ». C’était il y a deux ans. Ce jour là, raconte le journal le Monde, Agathe (1) apprenait qu’elle était née d’un don de sperme. Cette jeune femme d’une trentaine d’années veut aujourd’hui « pouvoir mettre un visage » au milieu de ce qu’elle nomme « une usine procréative ». Elle a saisi le tribunal administratif de Montreuil (93) pour connaître l’identité du donneur. Le jugement, qui doit être prononcé ce jeudi, est très attendu, car c’est une première en France.
« Les enfants nés d’un don de sperme anonyme ont échoué pour l’instant à convaincre les politiques de leur autoriser l’accès à leur origines, écrit la journaliste Gaëlle Dupont, ils portent désormais le combat en justice ».Lors des révisions des lois bioéthique en 2011, les députés avaient invoqué la protection de l’intérêt du donneur ou le risque de chute des dons pour s’opposer à la levée partielle de l’anonymat.
Mais face à ces textes, Agathe déroule un parcours et des arguments. D’abord, précise le quotidien, elle ne réclame pas directement l’identité du donneur mais qu’il soit interrogé pour savoir s’il veut ou non se faire connaître. S’il refuse, elle souhaite obtenir des informations non identifiantes, par exemple ses antécédents médicaux ou le nombre d’enfants conçus à partir de l’échantillon. Son frère, né également par insémination artificielle avec donneur, peut-il avoir été conçu avec les mêmes gamètes ?
Autant de questions qui relèvent, selon la jeune femme, d’une nécessité psychologique. Or, le code civil prévoit bien la levée de l’anonymat pour nécessité thérapeutique. De même, la Convention européenne des droits de l’Homme ouvre cette possibilité si « l’intérêt vital » de la personne est en jeu. Agathe veut juste pouvoir passer à autre chose pour, dit-elle, « continuer sa vie ».
(1) Le prénom a été changé