En direct de l'American Diabetes Association (Philadelphie, du 8 au 11 juin 2012)
Longtemps attendues, les nouvelles recommandations sur le traitement du diabète de type 2 (ou diabète de la maturité) sont enfin disponibles. Elles ont été publiées conjointement par les Sociétés américaines et européennes de diabétologie et discutées au congrès de l’ADA. Elles répondent à l’incertitude de choix du traitement générée par l’afflux récent de nouvelles molécules.
Les diabétologues attendaient donc des recommandations officielles permettant des stratégies de traitement à la fois simple et adaptées aux différents profils de malades.
Pr Bruno Guerci, diabétologue au CHU de Nancy : « Un certain nombre de nouvelles molécules ne faisaient l’objet d’aucune recommandation ».
Le nouveau centre de gravité de ces recommandations est le malade. Les diabétologues sont fortement incités à l’interroger soigneusement avant toute prescription. Il s’agit de savoir exactement comment il vit et travaille, et quelles sont ses contraintes, avant d’envisager une stratégie cohérente. Cette stratégie doit, en effet, viser à contrôler le mieux possible le taux de sucre dans le sang, tout en minimisant les contraintes du traitement pour améliorer son suivi.
Pr Bruno Guerci: « Il y a aussi la démarche d’aller au-delà du simple équilibre de l’hémoglobine glycée ».
Les malades ayant déjà des vies très occupées, du fait de leur famille, de leur travail et de leur maladie, ne doivent pas se voir imposer de contraintes supplémentaires. Les sociétés savantes ont bien compris qu'ils suivront d’autant mieux leur traitement que celui-ci aura un impact minime sur leur vie. Les consultations de suivi devraient donc pouvoir être espacées à au moins 6 mois, sauf urgence.
Pr Bruno Fève, diabétologue au CHU Saint-Antoine, à Paris : « Ce qui ce dégage, c’est l’émergence d’une médecine personnalisée ».
Cette balance entre le fardeau de la maladie et les contraintes du traitement débouche sur une stratégie qui débute toujours par une amélioration des règles de vie au plan nutritionnel, perte de poids et exercice physique. Le traitement qui est choisi en premier est un traitement oral, la metformine, sauf contre-indication. Si l’équilibre n’est pas atteint en 3 mois, plusieurs molécules peuvent être utilisées en association à la metformine et en fonction des autres maladies du malade.
Pr Bruno Fève: « En dehors du socle initial commun, il n’y a plus de hiérarchie entre les molécules ».
L’objectif du traitement sera également adapté à l’âge avec une exigence plus importante chez le malade jeune que chez le malade âgé. Chez ce dernier, il n’a pas été prouvé qu’abaisser l’hémoglobine glycée en dessous de 7% est bénéfique et cela augmente le risque d’hypoglycémie et d’évènements indésirables.
Chez le sujet jeune, on cherche un taux de sucre dans le sang le plus normal possible, ce qui se traduira par une hémoglobine glycée en dessous de 7%, voire de 6,5%, et une meilleure prévention des complications du diabète. L’insuline n’est plus désormais vue comme un médicament de la phase « finale » du diabète de la maturité et peut être utilisée plus tôt dans le cours évolutif de la maladie, dans certaines circonstances.
Pr Bruno Fève: « Il y a des objectifs glycémiques à la carte en fonction du profil du malade ».
Ces recommandations sont pleinement en accord avec la pratique des diabétologues et vont améliorer la prise en charge du diabète de type 2. Elles seront probablement légèrement différentes des recommandations françaises, du fait même que certaines molécules ont été retirées du marché en France. L’exception française n’est pas un mythe.
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