Décidément, les sèche-mains électriques n’ont pas bonne publicité. A la sortie des toilettes, beaucoup les boudent d’ailleurs et gigotent frénétiquement leurs mains dans l’air pour les sécher. Car de l’avis de nombreux spécialistes de l’hygiène, ces machines, véritables propulseurs de microbes, sont des hérésies sanitaires.
La nouvelle génération de sèche-main, à air pulsé, était censée corriger ce gros défaut. « Rapide et hygiénique », peut-on lire sur les bannières d’une publicité manifestement très mensongère, à en croire les résultats d’une étude publiée dans la revue Journal of Hospital Infection. De fait, ces bijoux de technologie seraient bien pires au niveau hygiénique que leurs ancêtres, qui diffusent de l’air chaud.
27 fois plus de bactéries
Pour les besoins de l’étude, les chercheurs de l’Université Leeds' School of Medicine ont contaminé leur main avec une bactérie inoffensive, la lactobacille, après être passés aux toilettes. En effet, des études précédentes ont révélé qu’après un passage aux WC publics, une personne transporte quelques 200 millions de bactéries sur chaque main et peut contaminer en moyenne cinq surfaces ou 14 objets. Puis, ils se sont lavés grossièrement les mains – comme il peut arriver de le faire lorsque l’on est un peu pressé. Ils les ont ensuite séchées au sèche-main.
Des échantillons aériens ont été collectés et analysés. Résultats, quelque peu effrayants : l’air contenait 27 fois plus de bactéries que si les chercheurs s’étaient séché les mains avec une serviette en papier, et cinq fois plus qu’avec un sèche-main à air chaud (ancienne génération).
15 minutes après le séchage
Les échantillons ont été prélevés juste à côté du sèche-main, et dans un rayon de deux mètres autour de lui. En moyenne, la moitié des germes perduraient dans l’air pendant plus de cinq minutes, et certains étaient encore détectables 15 minutes après le séchage des mains.
« La prochaine fois que vous vous séchez les mains dans des toilettes publiques avec un sèche-main électrique, sachez que vous dispersez vos bactéries sans le savoir, insiste Mark Wilcox, auteur de l’étude. Et que les microbes des autres vous éclaboussent ». Les chercheurs préconisent donc d’utiliser la bonne vieille méthode pour se sécher les mains : la serviette en papier.
CO2 ou microbes ?
La marque Dyson a immédiatement réagi à l’étude, en remettant en cause sa méthodologie. « Utiliser les sèche-mains Dyson Airblade est la manière la plus rapide et hygiénique de se sécher les mains. Ils produisent 71% de C02 en moins que les serviettes en papier, et permettent de sécher 18 paires de main pour le prix d’une seule serviette », a assuré un porte-parole. Dioxyde de carbone ou microbes des autres, le nouveau dilemme des toilettes publiques…