« Ça fait 4 mois qu’on s’entraine, avec des ascensions de plus en plus longues tous les 15 jours. Lundi, si la météo le veut bien, c’est parti pour le sommet du Mont Blanc ! » raconte Franck Gérald avec enthousiasme. Pourtant ce n’est pas un mordu d’alpinisme, bien au contraire. Il souffre d’une spondylarthrite ankylosante, une maladie inflammatoire qui se traduit par un enraidissement progressif du bassin et de la colonne vertébrale. Et 7 de ses compagnons de cordée sont atteints du même mal que lui ou de polyarthrite rhumatoïde, une autre forme de rhumatisme inflammatoire chronique où les articulations sont douloureuses, gonflées et de plus en plus raides. « On a toujours mal quelque part, la douleur fait partie de notre vie, résume Franck Gérald, mais nous voulons montrer qu’il est possible de surmonter ces douleurs par le sport ».
Franck Gérald, président de l’association Rhumasport, atteint de spondylarthrite ankylosante : « En marchant on se remuscle, ce qui réduit les douleurs ».
Ces 8 malades, sept hommes et une femme de 30 à 60 ans ont aussi à cœur de faire connaître leurs deux maladies, la spondylarthrite ankylosante et la polyarthrite rhumatoïde qui touchent chacune plus de 200 000 Français. « Les rhumatismes ont une fausse image de maladie de personnes âgées, alors que dans le cas des rhumatismes inflammatoires, ils se déclarent à l’âge actif. Cette ascension, le film qui la racontera, c’est aussi pour donner un coup de modernité », explique Franck Gérald. « Et une visibilité qui pourra aider à diagnostiquer ces maladies plus rapidement », renchérit le rhumatologue Gilles Bolla, qui va accompagner ses malades en route vers les cimes. Pour certains d’entre eux, il craint que leurs articulations soient très douloureusement mises à l’épreuve, notamment à la descente. Mais la victoire psychologique n’aura pas de prix…
Dr Gilles Bolla, rhumatologue au Centre hospitalier de Cannes : « Quand on diagnostique ces maladies, les gens pensent qu’ils ne pourront plus rien faire »
Une aventure collective, source de capacités inespérées, c’est exactement ce qu’a vécu un groupe de 6 malades souffrant de MICI, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin en juillet 2010. Après 2 ans de préparation, ils sont parvenus au sommet du Mont Blanc et depuis, de réunions de patients en conférences-débats, ils ne cessent de partager leur aventure immortalisée par une bande dessinée primée au festival d’Angoulême et un film présenté à Cannes.
Eric Balez, membre de la cordée du Mont Blanc des MICI, atteint de rectocolite hémorragique : « Affronter la maladie forge le mental alors le Mont Blanc, ensemble, on y arrive »
Des malades transcendés par le collectif, Christine Janin en accompagne presque toute l’année sur les pentes alpines. Avec son association A chacun son Everest, cette médecin alpiniste utilise l’exploit sportif comme thérapie pour des enfants et adolescents atteints de cancer. Sur prescription de leur cancérologue lorsqu’ils ont dépassé la phase aiguë de la maladie, les enfants viennent passer une semaine à Chamonix. Randonnée, escalade, raquettes, traineau à chien, selon la saison et sa capacité physique, chacun s’entraine avant l’ascension finale, elle aussi adaptée selon les forces de chaque enfant. « Parvenir au sommet, c’est triompher de la maladie, raconte le Dr Janin. D’un coup, le regard des autres sur soi est transformé. Fini le pauvre malade, on devient un héros conquérant. Et ça, ça n’a pas de prix ! »
Pour Franck Gérald et ses compagnons de cordée, vaincre le Mont Blanc ne signifiera pas l'aboutissement de la guérison. Sans vaincre la maladie, ils auront réussi à la mettre entre parenthèses le temps d'un exploit sportif et collectif que bien des non malades n'oseraient tenter.
Pour adresser un message d'encouragement à la cordée et suivre leur ascension à partir de lundi : www.rhumasport.org