Les pathologies cancéreuses provoquées par l’amiante se déclarent plusieurs dizaines d’années après que les personnes ont été en contact avec les poussières d’amiante - 40 ans en moyenne pour le mésothéliome de la plèvre, cancer spécifique d’une exposition à l’amiante, indique le site de l’Assurance maladie. Ainsi, le Comptoir des minéraux et des matières premières (CMMP), qui a exercé des activités de broyage et de commercialisation de différents minéraux, dont de l’amiante, de 1938 à 1975 à Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, révèle petit à petit des victimes potentielles.
Première victime en 1996
Ce serait le cas de Gisèle Delhaye, septuagénaire qui souffre d’un mésothéliome, dont Le Parisien a recueilli le témoignage. Elle a été scolarisée à proximité du (CMMP) et se bat aujourd’hui contre la maladie.
La première victime potentielle du CMMP n’a été identifiée qu’en 1996 : il s’agissait de Pierre Léonard, qui habitait le quartier depuis son enfance et qui est décédé d’une tumeur de la plèvre à 49 ans. La pollution environnementale causée par le CMMP a été établie définitivement en 2007 par l’Institut de veille sanitaire. La Haute Autorité de santé a alors été saisie pour émettre des propositions concernant les populations exposées et a ainsi indiqué en 2009 "la réalisation des expérimentations pilotes de recherche et de suivi des populations exposées à l’amiante", indique l'ARS Ile-de-France. Cette dernière a ainsi étudié le coût et la mise en place d’un dispositif de recherche des personnes exposées à l’amiante autour du site du CMMP, qui a débouché sur un rapport fin 2012. Le dépistage est organisé dans le cadre du Plan régional santé environnement.
Campagne d’information pour les anciens écoliers
Aujourd’hui, l’ARS d’Île-de-France lance donc une campagne d’information pour les anciens élèves des établissements de ce quartier d’Aulnay-sous-Bois, soit 13 000 personnes. Les enfants constituent une population particulièrement sensible à l’exposition à l’amiante. « Des quantités importantes de poussières d’amiante ont été émises dans l’atmosphère pendant cette période. Toute personne ayant vécu, travaillé ou été scolarisé à proximité du CMMP entre 1938 et 1975 a donc été exposée aux retombées de poussière d’amiante », indique l’ARS. L'objectif est de rechercher les personnes qui ont été exposées afin de leur proposer un dépistage : après une visite chez le médecin généraliste, les personnes verront leur niveau d’exposition à l’amiante évalué et un scanner thoracique leur sera prescrit. Selon les résultats du scanner, l'orientation se fera vers un parcours médical adapté. Un numéro d’information a été mis en place : le 0 811 260 399. Par ailleurs, toute personne ayant travaillé au CMMP entre 1938 et 1975 a la possibilité de bénéficier du suivi post professionnel. L’usine du CMMP a fermé en 1991, à la suite de quoi les bâtiments ont été démolis et le site dépollué.
Les premiers signes du mésothéliome, par ailleurs communs à de nombreuses maladies, sont un essoufflement, une douleur de poitrine, une toux persistante ou encore une douleur de l'omoplate ou du bas du dos, indique l’Assurance maladie. Ce n’est pas la seule pathologie cancéreuse que peuvent développer les personnes qui ont été exposées à l’amiante : en effet, le contact le matériau fibreux multiplie également le risque par dix de développer un cancer broncho-pulmonaire.