Le jeu a tourné au drame. Jeudi soir, un garçon de 11 ans a perdu la vie dans le parking souterrain d’un supermarché de Nice. Avec ses amis, il s’amusait à « inhaler le gaz d'un aérosol, probablement un déodorant », selon les premiers éléments de l’enquête.
Inanimé
Alertés par des gamins du quartier, les secours sont arrivés vers 21 heures dans ce quartier populaire proche de la voie ferrée. Ils n’ont rien pu faire pour le sauver. Le corps du garçon ne présentait aucune blessure apparente.
L'enfant d'origine tchétchène était scolarisé à l'école Thérèse Roméo de Nice, selon France 3 Côte d’Azur. Une cellule de soutien psychologique a été ouverte a destination des enfants, des parents et des personnels de l'école. Une enquête est en cours.
>> Reportage France 3 sur la mort d'un adolescent qui a inhalé du déodorant
« Les jeunes rivalisent d’imagination… »
Sniffer du déodorant, du dissolvant ou de la colle n’est pas une pratique nouvelle. Elle consiste à inhaler les vapeurs toxiques de ces produits pour leurs effets enivrants, voire hallucinogènes. Pour le déodorant ou les désodorisants pour toilettes, les jeunes collent une serviette sur leur nez et leur bouche, et inspirent le gaz qui sort de la bombe aérosol. Les effets peuvent durent une trentaine de secondes, voire quelques minutes selon la dose inhalée.
« Cela a toujours existé, souligne Christophe Prudhomme, médecin urgentiste au SAMU en Seine Saint-Denis. On n’a pas remarqué de recrudescence de cas ces derniers temps ». Il semble donc un peu rapide de parler d’une mode ou d’un phénomène… « Les jeunes ont toujours rivalisé d’imagination en la matière » affirme-t-il. Sniffer du plâtre ou fumer du papier n’est pas l’apanage de la nouvelle génération.
Arrêt cardiaque, asphyxie, asthme
Pour autant, les jeunes ignorent très souvent les dangers réels de ce « jeu », malgré son ancienneté et les accidents mortels rapportés dans la presse. « Les risques sont nombreux, relève Christophe Prudhomme. Le plus grave est l’arrêt cardio-respiratoire, provoqué soit par la toxicité du produit en lui-même, soit par un défaut d’apport d’oxygène. On observe aussi des cas de crise d’asthme qui peuvent déclencher une asphyxie ».
Les conditions dans lesquelles se déroule ce « jeu » aggravent souvent les symptômes. « Ceux qui s’y adonnent sont jeunes, donc fragiles, et ils se réunissent dans des lieux isolés, sans témoin - pour ne pas se faire prendre. Résultat : il peut s’écouler beaucoup de temps avant que quelqu’un n’appelle les secours ».
Que faire si vous prenez votre enfant en train de sniffer du déo ?
« Il faut d’abord le soustraire à la toxicité du produit, poursuit Christophe Prudhomme. Aérer l’espace – la salle de bain, par exemple – et le sortir de la pièce. S’il a perdu connaissance, il faut prendre son pouls, le stimuler pour tenter de le réveiller. Et s’il ne respire pas, ne pas hésiter à lui faire du bouche-à-bouche, puis un massage cardiaque en attendant l’arrivée des secours ».
Une fois que la personne arrive aux urgences, si elle n’a pas repris connaissance, les soins classiques de réanimation lui sont prodigués.