Euphorie, allégresse, sensation de «planer ». Les drogues sont attractives, en particulier pour les jeunes. Et les adolescents anxieux ou insomniaques seraient à surveiller de très près. En effet, ces derniers ont un usage abusif des médicaments qui leur sont prescrits pour traiter ces troubles, selon une nouvelle étude publiée dans le journal Psychology of Addictive Behaviors.
Petits échanges de pilules entre amis
Réalisée par l’Association Américaine de Psychologie, les auteurs de l’étude a suivi 2700 lycéens dans la région de Detroit (Etats-Unis) pendant 3 ans. Parmi ces adolescents, 9 % ont reçu un traitement contre l'anxiété ou l’insomnie au cours de cette période, tandis que 3 % d’entre eux bénéficiaient d’une prescription régulière. Les chercheurs ont constaté que les 3 % d’adolescents étaient 10 fois plus enclin à utiliser ces médicaments à des fins récréatives et non médicales, que ceux qui n’ont jamais bénéficié de ces traitements. Quant aux 9 %, ils seraient 12 fois plus à même de se procurer des pilules de Valium ou de Xanax une fois leur ordonnance expirée, par le biais d’échanges entre amis ou entre les membres de la famille.
Un phénomène qui inquiète les chercheurs, qui rappellent le danger de prendre ces médicaments hors du cadre de l’ordonnance. « Lorsqu’elles sont prises dans le cadre d’une prescription et dans les doses respectées, ces pilules sont efficaces et ne représentent aucun danger pour la santé. Mais elles peuvent se révéler fatales lorsqu’elles sont prises de manière excessive et mélangées avec des substances récréatives comme l’alcool », s’alarme le Pr Carol J.Boyd, auteur principale de l’étude.
Prescrire un médicament moins fort en première intention
D’après les auteurs, cette étude est la première à suivre la fréquence de consommation et le mode d’utilisation que les jeunes font de ce type de médicaments. Et selon le Pr Boyd, les résultats amènent à se poser plusieurs questions : « Pourquoi les adolescents sont-ils autant angoissés et/ou insomniaques ? Sont-ils soumis à trop de pression ? Consomment-ils trop de caféine ? », s'interroge-t-elle. D’après cette dernière, ces questions doivent trouver leurs réponses dans l’éducation des parents qui doivent renforcer la surveillance de leurs adolescents. Les médecins ont aussi un rôle à jouer. Le Pr Boyd plaide en faveur d’une prescription plus ciblée et suggère de prescrire un médicament moins fort en première intention.