Voilà qui devrait relancer l’éternel débat sur les statines, ces médicaments prescrits pour faire baisser les taux de « mauvais » cholestérol. Selon une étude publiée dans le JAMA (Journal of the American Medical Association), les anti-cholestérols devraient être prescrits à presque tous les séniors de 66 à 75 ans, afin de réduire les risques d’infarctus ou d’accidents cardiovasculaires (AVC) chez cette population.
97% des seniors éligibles
Les chercheurs américains ont étudié une cohorte de plus de 6000 personnes, âgées de 66 à 90 ans. En se basant sur les recommandations de l'American College of Cardiology et de l'American Heart Association publiées fin 2013, ils ont estimé que 97% des sujets (et la totalité des hommes) étaient éligibles à un prescription de statines (contre 70% avec les anciennes recommandations). Et ce, même si leur cholestérol affiche des taux normaux.
Ces résultats vont à l’encontre des anciennes recommandations, qui visaient seulement à réduire un taux excessif de mauvais cholestérol (LDL). Les nouvelles directives ciblent toute personne souffrant d'une maladie cardiovasculaire, de diabète adulte ou ayant des taux élevés de mauvais cholestérol, mais aussi les adultes en bonne santé mais dont le risque d'infarctus ou d’AVC est supérieur à 7,5% au cours des dix prochaines années. Soit tous les seniors, quasiment.
En effet, pour évaluer ce risque, l'American Heart Association a mis en place un calculateur qui prend en compte le poids, l’âge, ou encore l’exercice physique. Or, selon Michael Miedema, cardiologue de l'Institut du cœur de Minneapolis et principal auteur de l'étude, les sujets âgés ont pour la plupart un risque supérieur à 7,5%.
Polémique sur la surprescription
En revanche, les nouvelles recommandations ne disent rien sur les prescriptions pour les plus de 75 ans, alors qu’aux Etats-Unis, la moitié de cette population prend des statines. « Nous ne disposons pas de bonnes données sur l'efficacité de ces anti-cholestérols chez les personnes âgées, au-delà de 75 ans », a expliqué le cardiologue.
En France, la prescription préventive des statines fait débat. La Haute autorité de santé (HAS) recommande de réserver l'utilisation préventive des statines aux personnes à haut risque – à savoir, celles qui cumulent plusieurs facteurs de risque tels qu’un diabète, une hypertension artérielle, un tabagisme... Mais elle a souligné un « recours abusifs aux statines », reprenant des accusations du cardiologue Philippe Even, qui a écrit un livre pour s’insurger contre une surprescription.