Alors que 43 % des médecins hospitaliers trouvent leur travail pénible, les professionnels de santé libéraux ne sont pas non plus très satisfaits de leurs conditions de travail. Selon une enquête (1) présentée ce mardi par l’Association d’aide aux professionnels de santé et médecins libéraux (AAPml) et les infirmiers et kinés libéraux de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) d’Ile-de-France, 62 % des infirmiers et 61 % des masseurs-kinésithérapeutes d’Ile-de-France se sentent personnellement menacés par l’épuisement professionnel.
La paperasserie cause n° 1 du burn-out
La quasi-totalité de ces répondants a cité l’excès de paperasserie (87 % des infirmiers, 90 % des kinés) comme première cause de leur épuisement professionnel.
Par ailleurs, huit kinés sur dix (82 %) se plaignent également de la longueur des journées de travail et du trop grand nombre d’actes quotidiens, tandis que 79 % des infirmiers font face à des patients de plus en plus exigeants.
Enfin, la charge de travail trop lourde a été évoquée par 77 % des kinés. Les infirmiers, eux, placent en troisième position (à 77 % aussi) la non-reconnaissance de leur action comme source de burn-out.
Plus de protections au sein de leur cabinet
Et sur les solutions à mettre en place en matière de prévention, les deux professions veulent à plus de 90 % qu’on leur laisse davantage d’autonomie pour exercer leur métier. Plus surprenant, 80 % des infirmiers et 71 % des kinés aimeraient être mieux protégés au sein de leur cabinet.
De plus, plus de neuf infirmiers et kinés sur dix pensent que préparer les étudiants à exercer leur futur métier, pendant leur formation, pourrait prévenir le risque d’épuisement professionnel.
Enfin, 98 % des professionels de ces deux métiers plaident pour une amélioration de la protection sociale des soignants libéraux. Et 97 % des infirmiers et 93 % des kinés militent pour la reconnaissance du syndrome d’épuisement professionnel comme maladie professionnelle.
45 médecins se suicident tous les ans en Ile-de-France
Pour rappel, afin d'éviter le burn-out de ces professsionels de santé, l’AAPml a étendu à la France entière sa plate-forme d’écoute et de soutien psychologique (2) ouverte aux médecins libéraux d’Ile-de-France en 2004. L’outil est donc disponible aux infirmières et kinés depuis juin 2014. Cela 24h/24 et 7jours/7. En dix ans, l’association a comptabilisé 1 200 appels anonymes.
« À force d’alerter les institutions et les pouvoirs publics, nous avançons petit à petit », a indiqué au Quotidien du médecin le Dr Régis Mouries, président de l’AAPml. « À Paris, en 2013, nous avons ainsi permis d’éviter deux suicides », a-t-il rajouté.
Mais cette plate-forme téléphonique ne fait pas tout. Comme l'a expliqué le Dr Mouries au site Actusoins, « nous avons également un réseau qui permet de disposer de chambres dans différents hôpitaux ou cliniques dans toute la France, afin qu'un professionnel de santé exerçant à Brest puisse se faire soigner par exemple à Metz, pour plus de discrétion ».
En moyenne, 45 médecins mettent fin à leurs jours tous les ans selon des chiffres récents de l'Union Française pour une Médecine Libre (UFML).
(1) 854 professionnels ont répondu en juin à cette enquête envoyée aux 14 016 infirmiers et kinés libéraux franciliens.
(2) 0 826 004 580 (appel anonyme 24 heures/24 et 7 j/7)