En matière de don de sang, l’égalité des droits est-elle un facteur de risque ? C’est une question digne du bac de philo que pose aujourd’hui Eric Favereau dans Libération. La semaine passée, le ministre des Affaires sociales et de la Santé y a en partie répondu. « Les homosexuels hommes devraient bientôt être autorisés à donner leur sang », a-t-elle annoncé en ajoutant : pas question de prendre le moindre risque en matière de transfusion mais « le critère ne peut pas être l’inclination sexuelle »
Les gays pourront donc donner leur sang, mais « serait-ce la première bêtise de Marisol Touraine ?», demande le journaliste. Discrimination, scandent tous ceux, qui comme le ministre, pensent que cette exclusion du dong de sang des homosexuels prenait des allures d’homophobie. Ce n’est pas le fait d’être homosexuel qui est un risque mais les pratiques sexuelles, martèlent-ils. Homos ou hétéros, multiplier le nombre partenaires représente , par exemple, un danger potentiel.
Dans Libération, Eric Favereau tente, avec courage, de sortir de la pensée dominante pour s’en tenir aux faits. « Aujourd’hui, sur le front du sida, explique-t-il, l’épidémie est forte » chez les gays. Chez ceux qui fréquentent des lieux sexuels, l’incidence est énorme, 4%.
Ce qui pose problème. Avec les tests actuels recherche du virus, il y a un battement de quelques jours entre le moment de la contamination et celui de la détection. Une personne qui pense être séronégative peut donner son sang alors qu’elle est en fait contaminée.
Autre donnée, entre 2008 et 2010, 28 personnes ayant donné leur sang étaient contaminées à leur insu dont 14 homos qui n’avaient pas déclaré leur orientation sexuelle. Interrogé par le quotidien, Bruno Spire, le président d’Aides, se veut pragmatique et ne demande pas la fin de l’exclusion. « Le risque résiduel de transmettre le VIH chez une personne ayant un test négatif, observe-t-il, reste plus élevé dans la population homosexuelle masculine». Pour lui, « le don du sang n’est pas fait pour démontrer l’égalité des droits ».