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Préservatifs, dépistage

SIDA : les seniors négligent les risques

Par Arnaud Aubry

Entre 2003 et 2012, la proportion des personnes de plus de 50 ans dépistées séropositives est passée de 13 à 18 %. Et pourtant, cette population est plus sensible au virus.

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Le VIH n'est pas qu'une maladie de jeunes. Entre 2003 et 2012, la proportion des personnes de plus de 50 ans dépistées séropositives est passée de 13 à 18 %. Problème, les seniors ne se sentent pas concernés par le VIH, comme le révèle une enquête (1) réalisée pour le laboratoire Janssen pour laquelle 1 310 individus âgés de 50 à 70 ans et 543 individus âgés de 18 à 49 ans ont été interrogés.

12 % des séniors se sentent concernés par les risques d'infection

Si la population des 50-70 ans ne se considère pas comme étant moins bien informée, elle se sent, en revanche, clairement moins concernée par les risques d’infection : Ils ne sont que 12 % contre 28% des 18-49 ans. De plus, les 50-70 ans n’estiment pas faire partie des populations les plus à risques Ils ont donc tendance à moins se faire dépister que les jeunes : 46 % des 50-70 ans ont déjà réalisé un dépistage contre 61 % pour les 18-49 ans.

Enfin, les prises de risque sont aussi plus grandes chez les seniors : parmi ceux qui ont eu plusieurs partenaires ces cinq dernières années, 37 % n’ont jamais mis de préservatif et 26 % n’en ont mis que de temps en temps. Chez les 18-49 ans, les rapports sont inversés : ils sont seulement 12% à n'avoir jamais mis de préservatif mais ils sont 45 % à n’utiliser un préservatif que de temps en temps.

Une population plus sensible à l'infection
En plus d’une plus grande prise de risque, les peronnes âgées sont plus sensibles à cette infection. Selon le Center for Disease Control and Prevention (CDC) américain, l’âge accélère le passage du VIH au développement du sida et atténue la réactivé de la cellule CD4 à un traitement antirétroviral.

Pour le sociologue Georges Vigarello, si les séniors ont beaucoup entendu parler du VIH au début de l’épidémie, « aujourd’hui l’information ne circule plus de la même façon, la thématique n’est plus centrale ». Ce manque d'information, coupler avec le fait qu'il n'existe pas de campagnes ciblées spécifiquement sur cette population, peut expliquer pourquoi ils se sentent moins concernés par le VIH.

Population sous-diagnostiquée et de manière trop tardive

Le Pr Gilles Pialoux décrit une situation doublement problématique : « On observe à la fois un sous-diagnostic, les seniors ne sont pas assez dépistés, et un diagnostic tardif, puisque quand ils sont dépistés c’est souvent tard, avec un nombre de cellules CD4 inférieur à 200 [par mm3]. »
Le chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon juge « regrettable » que l’on ne propose pas plus systématiquement un dépistage du VIH à cette population de plus de 50 ans qui fréquente le système de santé. Et mentionne « un déficit de la perception du risque : les jeunes pensent que le VIH est un truc de vieux, et les vieux pensent que c’est un truc de jeunes ». Pourtant, dans son service, il a déjà soigné une femme contaminée à l’âge de 78 ans...

(1) Etude réalisée par Opinion Way par emailing pour le laboratoire Janssen. Les interviews ont été réalisées entre le 24 et le 26 septembre 2014, entre le 01 et le 03 octobre 2014, et entre le 08 et le 10 octobre 2014.