La problématique santé environnement est au cœur de grands enjeux définis par le gouvernement de Manuel Valls. En témoignent sa mise à l’ordre du jour à la Conférence environnementale de 2014 et la stratégie nationale de santé. Mieux encore, l’année 2014 sera marquée par l’entrée en vigueur du Plan national santé environnement (PNSE 3) pour lequel l’Anses (1) s’est fortement mobilisée.
Dans ce contexte, l'Agence organise ce vendredi ses Rencontres scientifiques. Le thème, les « Effets des polluants chimiques sur la santé humaine ». L'occasion d'alerter sur les risques connus.
Pollution automobile et allergies chez l'enfant
Par exemple, « la pollution atmosphérique d’origine automobile (PAA) peut avoir un impact sur l’incidence des problèmes respiratoires et allergiques chez l’enfant », explique l'ANSES.
L’exposition au trafic durant la première année de vie est significativement associée aux sifflements persistants et à la présence de plus de deux symptômes respiratoires persistant à 4 ans (sifflements, toux sèche nocturne, rhinite allergique et dermatite atopique).
Cependant, les antécédents parentaux d’allergie et la survenue d’évènements familiaux modifient l’association entre exposition à la PAA et sifflements, toux sèche nocturne et rhinite. Ainsi, l’exposition à la PAA est significativement associée à toutes les trajectoires de symptômes respiratoires persistants chez les jeunes enfants qui ont des antécédents familiaux d’allergie ou qui ont vécu au cours de leurs 2 premières années un évènement familial stressant (séparation/divorce, chômage, grave problème de santé ou décès).
Par ailleurs, les analyses préliminaires effectuées à 8 ans suggèrent que l’exposition à la PAA influerait sur la prévalence de l’obstruction bronchique à cet âge.
Enfin, concernant cette pollution automobile, il faut rappeler qu'en juin 2012, le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC), qui fait partie de l’Organisation mondiale de la Santé (Oms), a classé les gaz d’échappement des moteurs diesel comme étant cancérogènes pour l’homme (Groupe 1). Preuve que ces polluants n'affectent pas que les enfants.
Par ailleurs, l'ANSES alerte sur un autre risque pour la santé, celui lié « à la présence des pollens dans l’air ambiant. » Pour comprendre, le grain de pollen joue un rôle essentiel dans la reproduction de la majorité des plantes. Selon les espèces, il est transporté soit par les insectes -plantes entomophiles- soit par le vent -plantes anémophiles.
Mais les pollens sont aussi responsables de réactions allergiques appelées pollinoses, qui se manifestent par des rhinites ou des rhino-conjonctivites.
Une prévalence de l’allergie pollinique qui varie en fonction de l’âge : elle est en effet plus élevée chez l’adulte jeune que chez les enfants et les personnes âgées.
Précision importante, certains polluants chimiques peuvent moduler la réaction allergique de différentes manières, en abaissant par exemple le seuil de réactivité bronchique et/ou en accentuant l’irritation des muqueuses nasales ou oculaires chez les sujets sensibilisés.
Et ce problème ne devrait pas aller en s'arrangeant. D''après une étude publiée il y a quelques jours dans Plos One, les allergies au pollen vont exploser avec le réchauffement climatique.
Des perturbateurs endocriniens partout
Enfin, l'ANSES rappelle « les effets de l’exposition aux perturbateurs endocriniens non persistants durant la vie intra-utérine sur la croissance du fœtus et de l’enfant. »
Les phénols sont, par exemple, une famille de substances chimiques très largement produites et présentes dans notre environnement, incluant le triclosan (pesticide organochloré présent dans savons et dentifrices), les parabènes (antibactériens présents dans les cosmétiques), le bisphénol A (prochainement interdit des contenants alimentaires en France).
Les études expérimentales in vitro et chez l’animal ont montré que certains phtalates et phénols sont des perturbateurs endocriniens et peuvent interagir avec des récepteurs impliqués dans le contrôle de l’adipogenèse et du gain de poids.
Enfin, sur cette question des perturbateurs endocriniens il ne faut pas oublier que la France est le 1er pays au monde en terme d’incidence des cancers hormono-dépendants. Pour les associations, l’hypothèse de ces substances doit être explorée.
(1) Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail