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Idées reçues sur l'anorexie

Par Philippe Berrebi

MOTS-CLÉS :

Elle disait à ses parents qu’elle voulait faire un régime. Eux pensaient que c’était juste un caprice. C’est ainsi que commence à 13 ans le parcours chaotique de Jennifer. Une histoire, que raconte le journal La Croix, qui va durer neuf ans durant laquelle la jeune fille va alterner restrictions alimentaires et crises de boulimie, où vont se succéder hospitalisations avec prise en charge en ambulatoire. Au bout, la guérison.
Ces demandes de soins pour des troubles du comportement alimentaire augmentent. « Mais cela ne veut pas dire que ces troubles eux-mêmes sont en augmentation », précise le Dr Nathalie Godart, chercheur à l’inserm et pédopsychiatre à l’Institut Montsouris à Paris. L’anorexie touche entre 1 et 2% de la population mondiale et la boulimie 3 à 4%. 
Un phénomène que plusieurs thèses relient à nos sociétés de consommation, au culte de la minceur et aux milieux favorisés. Idées reçues qui n’ont pas de fondement scientifique. Les pays en voie de développement, comme la Chine, sont touchés, rectifie le Dr Godart et ces troubles concernent tout le monde. 
Ce sont les perturbations des comportements alimentaires qui progressent. La valorisation de la minceur conduit les jeunes filles à se faire vomir pour garder un poids stable. C’est nocif pour la santé mais cette attitude « n’a ni la même cause, ni le même degré de gravité que l’anorexie ou la boulimie », ajoute la scientifique.

Ces dernières sont « des pathologies psychiatriques graves », souligne la journaliste Christine Legrand. La prise en charge doit être multifactorielle avec un psychiatre et un  généraliste pour le versant somatique. Une thérapie familiale peut être proposée pour les plus jeunes, estime le Dr Godart. Selon cette spécialiste, la prise en charge doit être la plus précoce possible et le suivi doit durer au moins un an au delà de la disparition des troubles.  A ces conditions, ces pathologies sont guérissables dans la majorité des cas.