Vieillir, ça coûte cher. La société en fait déjà les frais – la caisse retraite atteint 6 milliards d’euros de déficit chaque année en France. Mais elle n’a encore rien vu. Selon une étude publiée par Cap retraite, un organisme de conseil en maisons de retraites, la dépendance coûtera plus de 11 milliards d’euros à l’Etat français en 2040.
Toujours plus vieux
En effet, avec les progrès de la médecine et l’allongement de l’espérance de vie, le pays sera peuplé de personnes âgées. La France attend ainsi 150 000 centenaires en 2050 ! Quant aux jeunes seniors, de plus en plus nombreux, il faudra bien s’en occuper. Aujourd’hui, 1,2 million de personnes touchent l'Allocation pour l'autonomie (APA), qui s'adresse aux 60 ans ou plus en perte d'autonomie. Depuis 2002, le nombre de bénéficiaires de l’APA a doublé (+100%).
Or, selon les calculs de Cap retraite, le nombre de bénéficiaires augmentera de 63% d’ici 2040, pour avoisiner les 2 millions. Et la facture sera très salée : 11,2 milliards d’euros (contre 5,5 milliards d’euros aujourd’hui).
Des départements ruinés
Et surtout, cette facture ne sera pas acquittée partout de la même manière. En effet, ce sont les départements qui versent en grande partie (71%) l’APA, avec le concours de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (pour 29%). Or, les bénéficiaires de l’aide sont inéquitablement répartis sur le territoire français.
Actuellement, les départements où les budgets alloués à l'APA pèsent le plus lourd dans les budgets généraux sont l’Aveyron, la Creuse et le Gers - respectivement 12,8 %, 11,7 % et 11,2 %, alors que la moyenne nationale se situe à 7,8%. « Plus un département est vieillissant, en perte de vitesse démographique, plus les revenus des habitants sont faibles, plus le coût de l'APA va peser sur le budget », explique Bernard Lasry, président de Cap retraite.
Ainsi, selon l’étude, la situation sera particulièrement critique pour la Creuse, l'Aude et la Vienne, trois départements au faible potentiel fiscal. A l'inverse, en Ile-de-France, les départements des Yvelines, de l'Essonne et des Hauts-de-Seine, qui consacrent moins de 5% de leur budget au financement de la dépendance, malgré un nombre plus élevé de bénéficiaires de l'APA, devraient tirer leur épingle du jeu – dans un premier temps, en tout cas.
Part des bénéficiaires de l'APA parmi la population des 60 ans et plus, en 2012
Des contribuables de plus en plus sollicités
Les départements ne seront pas les seuls à encaisser le coût de la dépendance. En effet, les impôts et les cotisations sociales des Français servent entre autre à financer cet immense chantier.
Aujourd’hui, on estime qu’il y a 1 personne âgée bénéficiaire de l’APA pour 29,5 ménages - soit un coût de 157€ par ménage et par année. Et cela ne devrait faire qu’augmenter…