En France, « la prescription d’antibiotiques reste préoccupante », juge l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un rapport publié ce mercredi. La célèbre campagne « Les antibiotiques, c’est pas automatique » aura donc fait long feu : leur utilisation « est supérieure de 41% à la moyenne européenne », ajoute le rapport. Les Français consomment ainsi 28,7 doses quotidiennes définies pour 1000 habitants contre 20,4 doses en moyenne en Europe.
La France est classée 4e d’Europe dans la consommation d’antibiotiques, derrière la Grèce (35,1), Chypre (32) et la Belgique (29), mais loin devant le Royaume-Uni (18,8), l’Allemagne (14,1) et les Pays-Bas (11,4) le pays qui en consomme le moins.
Une surconsommation peut entraîner des impasses thérapeutiques
Cette surconsommation a un impact délétère sur la santé des patients puisque l’OCDE « observe une nette corrélation entre le volume d’antibiotiques prescrits localement et la prévalence des souches bactériennes résistantes ». Des résistances qui peuvent entraîner des impasses thérapeutiques particulièrement dangereuses : 25 000 personnes succombent chaque année du fait de bactéries résistantes en Europe et 23 000 aux Etats-Unis.
Afin d'inverser cette tendance, Marisol Touraine a annoncé fin novembre la mise en place d’un groupe de travail sur la préservation des antibiotiques. Trois objectifs ont été définis par la ministre de la Santé : trouver un modèle économique qui permette de soutenir l’émergence de nouvelles molécules, afin de moins consommer d’antibiotiques ; relancer un nouveau programme de prévention par la communication, en particulier en direction des plus jeunes ; enfin, inciter les médecins, praticiens hospitaliers et les pharmaciens à être plus raisonnés dans l’usage des antibiotiques.
Alors que la consommation d’antibiotiques avait diminué à partir des années 2000 (-10,7 % entre 2000 et 2013), une tendance à la hausse est observée depuis trois ans (+5,9 %).